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Les talents souhaitent définir de nouvelles références en matière d’emploi : un rapport de Randstad révèle que 45% d'entre eux ont fait des démarches pour obtenir de meilleures conditions de travail.

Le dernier Workmonitor de Randstad révèle l'émergence de nouvelles références sur le marché du travail. L'étude, qui a porté sur plus de 26 000 travailleurs dans 35 pays d'Europe, d'Asie-Pacifique et d’Amérique, a révélé qu'en dépit d'un paysage économique difficile, de changements géopolitiques et d'avancées technologiques, les talents continuent à avoir des attentes multiples, remodelant ainsi l'avenir du lieu de travail.

Pour la première fois dans l'histoire de Workmonitor, l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est jugé plus important que la rémunération (83% versus 82% au global et 88% versus 79% au Luxembourg). Le rapport montre que les talents accordent la priorité à la personnalisation, à la cohésion et à des compétences adaptées à l'avenir, et les employeurs doivent être prêts à y répondre.

La confiance des talents envers leurs employeurs reste fragile, un tiers d’entre eux (30 %) ne faisant pas confiance à leurs managers pour défendre leurs intérêts.

Les talents sont prêts à agir si leurs attentes ne sont pas satisfaites, puisque près de la moitié d'entre eux (45 %) déclarent avoir fait des démarches pour obtenir de meilleures conditions de travail. 44 % déclarent avoir quitté un emploi parce qu'ils pensaient que leur lieu de travail était toxique, soit 11 points de pourcentage de plus que l'année dernière.

importance d’être en phase avec son employeur

Le rapport montre que les talents souhaitent que la culture de leur employeur soit alignée avec leurs valeurs et leurs préférences, puisqu'un tiers d'entre eux (29 %) ont déjà démissionné parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec les points de vue ou les positions de leur direction. En hausse de 10 points de pourcentage par rapport à l'année dernière, près de la moitié (48 %) n'accepteraient pas un emploi si l'entreprise ne partageait pas leurs valeurs sociales et environnementales. Une proportion similaire (43 %) a envisagé de quitter l'entreprise en raison de sa position sur des questions politiques.

Ces positions sont encore plus marquées au Luxembourg : 35% des personnes interrogées ont déjà donné leur démission en cas de divergence d’opinion avec leur direction et 56% envisageraient de le faire si c’était le cas.

Les talents souhaitent également un engagement sur la flexibilité du travail. Près d'un tiers d'entre eux (31 % au global et 30% au Luxembourg) ont quitté leur emploi parce qu'il ne leur en offrait pas suffisamment. Les jeunes travailleurs sont plus susceptibles d'apprécier cet avantage : près de la moitié (40 %) des membres de la génération Z déclarent avoir bénéficié d'une plus grande flexibilité en termes de lieu de travail au cours des six derniers mois, contre seulement 17 % des baby-boomers.

Au Luxembourg, la situation est un peu différente. Les jeunes travailleurs (génération Z) sont 72% à avoir bénéficié d’une flexibilité horaire accrue au cours des six derniers mois (contre 42% pour les baby-boomers), alors que le flexibilité « géographique » a évolué de la même façon (environ 50%) pour toutes les classes d’âges.

favoriser le sens de la communauté

Au fil des décennies, la montée constante de l'individualisme a conduit de nombreuses personnes à rechercher un but et des liens dans leur vie professionnelle. Nous constatons aujourd'hui que la grande majorité (83 %) des talents souhaitent également que leur lieu de travail leur procure un sentiment d'appartenance à une communauté. Plus de la moitié d'entre eux (55%) sont prêts à démissionner s'ils ne se sentent pas à leur place, ce qui représente une augmentation substantielle par rapport à la moyenne mondiale de 37% de l'année dernière. On observe la même tendance au Luxembourg.

Dans certains cas, la rémunération passe avant le sentiment d'appartenance à la communauté, puisqu'un tiers (36 %) des personnes interrogées ne verraient pas d'inconvénient à gagner moins d'argent si elles avaient des amis sur leur lieu de travail. Ce taux atteint 53% au Luxembourg !

Dans le même temps, cela a une incidence sur la productivité des talents, puisqu'une forte majorité (85% au niveau mondial et 78% au Luxembourg) estime qu'ils sont plus performants au travail s'ils ont le sentiment d'appartenir à une communauté avec leurs collègues.

les opportunités de qualification ne sont pas négociables pour les talents, mais les employeurs doivent faire un pas en avant

L’étude Workmonitor souligne que l'apprentissage et le développement restent essentiels pour les talents, mais qu'il existe un fossé entre les attentes et la réalité. L'année dernière, 29 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elles démissionneraient si elles ne bénéficiaient pas d'opportunités de développement leur permettant d'assurer leur avenir professionnel, un chiffre qui a fortement augmenté pour atteindre 41 % cette année (60% au Luxembourg contre 18% l’an dernier).

L'IA est l'opportunité d'apprentissage et de développement la plus recherchée (23 %), suivie par les connaissances informatiques et technologiques (11 %) et les compétences en matière de gestion et de leadership (7 %). Malgré cette attente, plus d'un tiers des talents (36%) déclarent ne pas recevoir de telles opportunités de formation de la part de leur employeur.

L’écart est encore plus important au Luxembourg puisque seuls 25% des talents déclarent que leur employeur les aide à développer des compétences utiles à leur futur.

malgré les vents contraires au niveau macroéconomique, le débat sur le retour au bureau se poursuit

Le débat sur le retour au bureau continue à préoccuper les travailleurs. S'ils avaient le choix, les talents (26%) préfèreraient travailler au bureau trois jours par semaine. Cependant, la politique des entreprises n’est pas en phase avec cette attente : 31% des employeurs souhaitent que leurs salariés travaillent à temps plein au bureau, et moins d'un tiers d'entre eux (29%) acceptent deux jours ou plus de travail à distance.

En outre, un précédent rapport de Randstad sur les compétences les plus demandées, montre que les postes à distance ont diminué d'environ 50 %, tandis que les postes hybrides ont augmenté de 300 %.

La confiance semble rompue lorsqu'il s'agit de travail flexible, car plus d'un quart (28%) des talents ne pensent pas que leur supérieur leur fasse confiance pour maintenir leur productivité lorsqu'ils travaillent à domicile.

Au Luxembourg, les talents sont encore davantage demandeurs de travail à distance (74% souhaitent bénéficier de 2 ou 3 jours de télétravail) et les employeurs sont plus enclins à l’autoriser à cette fréquence (42%).

un manque de confiance entre les talents et leurs managers

Outre la méfiance à l'égard du télétravail, de façon plus générale, la confiance n’est pas optimale entre les talents et leurs managers. Près d'un tiers d'entre eux (30 %) estiment qu'ils ne peuvent pas faire confiance à leur manager pour défendre leurs intérêts, et ils sont encore plus nombreux (33 %) à penser qu'ils ne peuvent pas faire confiance à leur manager en ce qui concerne la progression de leur carrière.

Étant donné qu'un tiers (31 %) des personnes interrogées ont déjà quitté leur emploi parce qu'elles ne faisaient pas confiance à leur équipe dirigeante, il est important pour les entreprises de veiller à ce que les relations avec leurs employés soient solides et mutuellement bénéfiques.

Marc Lebrun Managing Director de Randstad Luxembourg commente : « Beaucoup s'attendaient à ce que les conditions économiques difficiles de 2024 tempèrent les attentes des talents, mais le Workmonitor montre que c'est le contraire qui se produit. Nous assistons à l'émergence de nouvelles références, les talents continuant à avoir des attentes multiples. Pour les talents d'aujourd'hui, le sens qu’ils donnent à leur travail est complexe et ses composantes doivent être personnalisées. Chacun a une idée précise de ce qui est important pour lui en tant qu'individu et au sein de sa communauté. Les entreprises qui réussissent sont celles qui s'adaptent et s'ajustent à cette nouvelle vision. La solution réside dans la valorisation de notre ressource clé : les personnes. »