Fondée en 1905, la société Hydro est présente dans de nombreux pays, et figure aujourd'hui parmi les leaders mondiaux du marchés de l'aluminium. Financée à ses débuts par des capitaux français et suédois, la société débute ses activités avec l'industrialisation d'un procédé de fabrication de fertilisants à partir d'une nouvelle technologie de fixation de l'azote par l'air. Cette technique étant très coûteuse en énergie, la société entreprend alors la construction de centrales hydroélectriques et ouvre sa première usine en 1907.
Après la Deuxième Guerre mondiale, Hydro qui a subi de nombreux dommages et la domination allemande, retrouve sa souverainneté et se lance dans un vaste programme de reconstruction. Hydro étend ses activités à l'énergie (hydroélectricité, gaz, pétrole) et à la production de métaux légers comme le magnésium d'abord, puis l'aluminium.
En 1970, l'industrie pétrolière et l'aluminium deviennent ses principaux axes de développement à l'international. L'entreprise se transforme en un conglomérat industriel moderne, avec de nouvelles activités touchant aux secteurs des matières plastiques, au pétrole et aux métaux légers. Hydro commence à se développer à l'international et dans les années 1980 et 1990, elle élargit encore ses activités dans les secteurs pétrolier et aluminium. Elle devient leader mondial du marché de l'extrusion d'aluminium profilé. Grâce à ses 100 ans d'expérience de l'hydroélectricité, elle est également la seconde entreprise productrice d'énergie en Norvège. Hydro est présente au Grand-Duché depuis 1992, grâce au rachat de la société Gottschol à Clervaux. Très vite le site luxembourgeois a su développer avec succès un modèle unique servant de référence aux autres sites industriels du groupe dans le monde, devenant ainsi un centre avancé pour tout ce qui touche aux techniques de recyclage de l'aluminium.
Entretien avec Ludovic Dardinier, managing director d'Hydro Aluminium Clervaux
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nous avons investi ces deux dernières années, 2015 et 2016, près de 10 millions d'euros pour optimiser nos process. C'est un très gros projet que nous souhaitons évidemment encore optimiser dans les années à venir. Nous réflechissons donc à l'amélioration de nos installations et aux moyens d'automatiser certains de nos postes, par exemple, avec des engins sans conducteurs. Nous essayons de ne jamais nous reposer sur nos lauriers. Nous avons une volonté constante de progrès et d'excellence et notre objectif est de faire appel à nos compétences internes pour développer ces nouveaux projets et nos modèles. C'est d'ailleurs dans ce cadre que nous avons travaillé avec la Learning Factory, afin d'obtenir les cerfications attestant de notre excellence et qui nous permettent de travailler avec des secteurs très exigeants comme celui de l'aéronautique. Ainsi, l'un de nos projets phares reste le fait de vouloir toujours garder le leadership en matière d'excellence.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
Il y a bien entendu la mise en place de ces process, avec par exemple, un procédé unique de fusion du métal basé sur la submergence électro-magnétique permettant de pouvoir attirer le matériel au fond du bain et lui éviter de flotter, ainsi qu'une technique de délaquage avant fusion, qui nous permettent de travailler avec tous les types de matériaux, d'en tirer la meilleure qualité au prix le plus raisonnable. Puis, nous sommes également fiers que notre unité luxembourgeoise soit celle qui bénéficie d'un savoir-faire unique depuis 25 ans, dont les métiers sont reconnus comme les plus expérimentés de notre groupe mondial.
Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ?
Le grand défi dans notre secteur est sans aucun doute le fait de garder notre leadership et un modèle profitable face à une concurrence qui grandit toujours. Puis, il y a aussi le fait de pouvoir s'ouvrir à de nouveaux marchés exigeants, tels que l'aéronautique et l'automobile.
Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?
Pour nous, comme pour d'autres certainement, ce sont les contraintes liées aux marchés publics. Il faudrait réellement penser à des clauses pour favoriser le Luxembourg. Par exemple, dans les filières de recyclage ou pour ce qui touche la démolition. Nos procédés nous permettent aujourd'hui de produire plus, mieux et dans le respect de l'environnement, - le " better, bigger, greener " est un leitmotiv pour nous - et d'avoir des bâtiments au Luxembourg qui utiliseraient l'aluminium recyclé au Grand-Duché serait un élément fort en terme d'image et en matière de politique environnementale.
Texte: Corinne Briault - Photos: Pierre Guersing