Ramborn commercialise le premier cidre made in Luxembourg, fabriqué avec des variétés anciennes de pommes (et poires) luxembourgeoises. L’entreprise se veut 100% locale et écologique, et affiche une belle réussite puisque son cidre est aujourd’hui internationalement connu et primé. (Visite du 23 octobre 2020)
L’histoire de Ramborn débute il y a plus de 10 ans et est partie d’un constat : beaucoup de vergers au Grand-Duché étaient laissés à l’abandon dans la vallée de la Sûre. Carlo Hein, Gérald Bisenius et Gilles Dimmer, tous vivant dans la région du petit village de Born, décident alors, au début des années 2010, de redonner vie aux pommes luxembourgeoises, notamment la Rambo, au lieu de les laisser pourrir dans les champs. La première cuvée voit le jour en 2014 et si elle reste plutôt confidentielle, elle est très prometteuse, si bien que les amis décident de créer leur société, qui est baptisée Ramborn, du nom de la Rambo, la variété de pommes utilisée, et Born, la localité de la vallée de la Sûre. Le premier cidre made in Luxembourg voit le jour et connaît rapidement le succès. La première cidrerie du Luxembourg ne fabrique pas simplement du cidre. Ramborn s'efforce aussi de faire revivre la tradition de la fabrication du cidre, en mettant à profit les fruits autrement gaspillés, et en insufflant une nouvelle vie aux vergers traditionnels dans tout le pays. Aujourd'hui, Ramborn travaille avec plus de 100 agriculteurs pour faire revivre, entretenir et améliorer les vergers traditionnels, en payant un prix équitable pour leurs fruits. Et la philisophie de Ramborn ne s’arrête pas là. La cidrerie est aujourd’hui une entreprise primée au niveau international et elle est aussi, désormais, la première d’Europe – et le premier producteur luxembourgeois de denrées alimentaires et de boissons – à obtenir le statut d’entreprise certifiée B Corporation, ce qui signifie qu’elle fait partie de ces sociétés qui utilisent leur force de frappe commerciale pour construire une économie plus inclusive et durable. En obtenant la certification B Corp, Ramborn a aussi rejoint un mouvement mondial qui compte aujourd’hui plus de 3.600 entreprises, actives dans 150 industries et 71 pays du monde entier. Et Ramborn ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin. La société va continuer à chercher les moyens de fabriquer le meilleur des cidres en réduisant au minimum son impact sur la planète. Entretien avec Carlo Hein, managing director.
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Nous avons beaucoup travaillé à la fabrication de nouveaux jus (pommes, poires et coings), tous issus des vergers de prairies traditionnels locaux de notre ferme à Born, et, c’est une première au Luxembourg, d’un soda aux pommes très rafraîchissant et non alcoolisé, qui mélange le jus fraîchement pressé et de l'eau pétillante. Ramborn travaille avec une communauté de 150 agriculteurs pour faire revivre et replanter ces arbres traditionnels, une source vitale de biodiversité dans notre région, abritant plus de 1.000 espèces différentes.
Votre plus grande fierté ?
De travailler avec un groupe de personnes qui partagent les mêmes valeurs, qui poursuivent le même objectif, à savoir travailler en ayant une action positive sur l’environnement.
La dernière fois que vous avez douté ?
J’ai peu de doutes.
Avoir un esprit d’entrepreneur, c’est quoi, pour vous ?
C’est avoir le courage de se lancer, d’essayer des choses, d’apprendre et de s’adapter pour continuer à progresser.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur votre activité et que pensez-vous que la Chambre de Commerce pourrait faire pour vous soutenir ?
Nous avons ressenti de multiples impacts sur notre activité. Tout d’abord, de nombreuses personnes nous ont découverts et les ventes ont progressé, notamment grâce aux ventes en ligne. J’ai le sentiment que cette crise a fait prendre conscience à tous qu’il fallait changer nos modes de vie, sinon, nous allons droit dans le mur. Cela est dans la juste ligne de ce que nous faisons chez Ramborn, en produisant dans le respect de l’environnement. Puis, la pandémie a mis en évidence la nécessité cruciale de protéger la biodiversité. Tant l’ONU que l’OMS considèrent que la biodiversité est un élément clé de la préservation de la planète. Cela a mis en évidence l’importance de l’action locale : la collaboration avec la population et l’économie locales, avec pour objectif un effet positif sur notre environnement immédiat, et ce, sur les plans social, économique et écologique. Là où la Chambre de Commerce pourrait aider, ce serait pour permettre aux petites et moyennes entreprises d’exporter plus facilement car il y a clairement un problème d’harmonisation des systèmes d’accises entre les différents pays et nous ne pouvons pas profiter pleinement des opportunités d’exportation.
TEXTE Corinne Briault - PHOTOS Emmanuel Claude / Focalize et Ramborn