Fasciné depuis tout jeune par les images animées et le pouvoir de la narration audiovisuelle, Georges Waringo n'a jamais imaginé autre parcours professionnel que celui de producteur et réalisateur de films. Autodidacte passionné par son métier, il a rapidement réussi à positionner sa société Pulsa Pictures sur le marché très concurrentiel de la production audiovisuelle.
Pour quelle raison vous êtes-vous lancé dans la production audiovisuelle ?
Enfant, j'ai réalisé mes premiers clips en "stop motion" (animation image par image) sur ma Gameboy qui était à l'époque équipée d'une caméra digitale rudimentaire. J'ai ensuite acheté ma première "vraie" caméra vidéo digitale avec l'argent que j'avais gagné en taillant les haies du voisin avec un ami. Nous nous sommes amusés à tourner de courtes vidéos juste pour le fun. Remarquant ma passion pour le tournage, mes amis m'ont offert pour mon 16ème anniversaire un des premiers logiciels de montage disponible sur PC. Équipé de la sorte, j'ai rapidement approfondi mes connaissances en matière de réalisation et de montage. C'est surtout l'aspect "storytelling" qui m'a passionné et pour moi il était tout à fait évident que j'allais un jour en faire mon métier. Après la 13e, j'ai réalisé mes deux premiers long-métrages amateurs (Near You, Meet myself) puis j'ai entamé des études universitaires. Lorsque RTL m'a approché pour m'offrir un poste d'opérateur caméra, j'ai décidé d'arrêter mes études et de me lancer dans la vie professionnelle. Ce poste chez RTL m'a permis de faire mes premières armes dans le monde audiovisuel avant de me lancer comme indépendant.
Comment avez-vous vécu vos débuts en tant que professionnel ?
Honnêtement, les débuts ont été très difficiles. Après mon passage chez RTL je suis passé par la case "intermittent du spectacle" avant de m'installer comme professionnel de l'audiovisuel. Même si depuis lors la situation a beaucoup évolué, il y a 10 ans la création d'une entreprise ne fut pas vraiment facile pour un entrepreneur débutant. Il n'existait pas de guichet unique pour vous conseiller et pour vous accompagner dans vos démarches. Aujourd'hui la Chambre de Commerce et la Chambre des Métiers proposent un accompagnement efficace aux jeunes créateurs, mais à l'époque faire toutes les démarches administratives n'était pas évident.
Quels ont été les étapes marquantes de votre parcours ?
L'ouverture de mon premier bureau à Kayl en 2011 a certainement été une étape très importante, puisque le fait de disposer de son propre espace de travail permet de mieux organiser ses projets et structurer son entreprise. Le recrutement peu après d'un premier collaborateur en la personne de Marc Lazzarini et puis Steve Kugener a constitué une autre étape importante. Son arrivée nous a permis de travailler de manière encore plus professionnelle et nous a donné le sentiment d'être vraiment aux commandes d'une petite entreprise. Ensuite les affaires se sont rapidement développées et nous avons dû chercher de nouveaux bureaux puisque ceux de Kayl ne pouvaient accueillir que trois personnes. Nous avons finalement trouvé nos nouveaux bureaux, qui offrent une capacité de 13 postes de travail, à Roeser où nous nous sommes installés en début d'année avec notre nouveau collaborateur Marc Simon.
En tant que créatif vous êtes constamment à la recherche d'idées pour vos clients. Où trouvez-vous vos idées?
Les idées me viennent souvent dans mon lit, sous la douche, pendant des promenades voire même pendant de parties de fléchettes. Pour que les idées puissent surgir, il est tout à fait essentiel d'être capable de se libérer la tête, de ne pas penser à ses soucis quotidiens. Il est dans la nature des idées qu'elles se manifestent spontanément et donc à des moments où vous ne les attendez pas forcément. D'où l'importance de garder un esprit ouvert, même si je m'efforce de délimiter clairement le cadre d'un projet lors de la phase de préparation au bureau.
Selon vous quelles qualités doit avoir un entrepreneur ?
En tant qu'entrepreneur vous devez toujours garder un œil sur ce que font vos confrères, observer les tendances du marché et suivre l'évolution technologique, qui peut parfois être très rapide dans le secteur audiovisuel. Ensuite il est important d'être patient, de respecter les réglementations en vigueur et de respecter votre client. Il ne sert à rien de courir, mais il faut au contraire miser sur la qualité et prendre le temps nécessaire pour établir une relation de confiance avec vos clients. Il faut aussi avoir un certain sens du marketing.
Un souvenir professionnel dont vous êtes particulièrement fier?
Il n'y a pas forcément un souvenir en particulier qui me vient à l'esprit, mais plutôt toute une série puisqu'à chaque fois qu'un client est satisfait de votre travail, cela vous emplit de joie et de satisfaction. C'est un plaisir récurrent, qui vous anime à toujours essayer de faire mieux. Pas plus tard que hier, le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, a présenté la nouvelle campagne de sensibilisation #Respekt112 en réaction à l'amplification des actes d’incivilités et de violence commis à l’encontre des agents des services de secours. La campagne a été accueillie très positivement et le ministre en personne nous a félicité pour le travail réalisé. Ce sont évidemment des moments de grande satisfaction professionnelle. Mais nous sommes tout aussi ravis lorsque nous parvenons à satisfaire un client sur des projets qui sont financièrement moins ambitieux et sur lesquels nous devons composer avec moins de moyens et faire preuve d'inventivité. C'est justement cette variété de clients et de projets qui rend notre métier passionnant.
Quels sont les défis dans votre profession?
Le facteur temps est clairement le défi numéro 1. Une journée ne compte que 24 heures et le grand défi consiste à bien préparer son plan de travail pour être aussi efficace que possible. En tant que chef d'entreprise, il faut être entouré d'une excellente équipe pour pouvoir gérer efficacement ses affaires. Être ne mesure de faire entièrement confiance à son équipe est absolument essentiel pour la réussite d'un projet d'entreprise.
Comment imaginez-vous votre entreprise dans 10 ans?
Avant toute chose, je souhaite maintenir une taille humaine. Même si nous allons certainement encore renforcer nos équipes et approfondir notre savoir-faire technologique, je souhaite que nous gardions une taille qui nous permette de continuer à entretenir des relations personnelles avec nos clients. Nous accordons beaucoup d'importance au contact direct avec le client et ne souhaitons pas nous transformer un jour en une usine d'images dépersonnalisée.
Êtes-vous tenté de refaire - comme à vos débuts - des films pour le grand écran?
Si cela ne tenait qu'à moi, je recommencerais demain. Or, la réalisation d'un long-métrage indépendant et autofinancé exige beaucoup de sacrifices et n'est pas forcément compatible avec la responsabilité de chef d'entreprise. Celle-ci exige, en effet, un engagement total pour la bonne marche de l'entreprise et de ses employés.
Vous venez de lancer une nouvelle activité...
Je viens de lancer avec Klot Kieffer, ancien directeur marketing chez Concept & Partners, une nouvelle société qui porte le nom de "Hype" et qui est spécialisée dans le marketing sur les médias sociaux. Il s'agit en fait d'une activité complémentaire à celle de Pulsa, puisque nous ne voulons plus nous contenter de concevoir et produire des contenus audiovisuels, mais nous souhaitons aussi être en mesure d'accompagner nos clients dans la diffusion des contenus réalisés. C'est un marché à grand potentiel, notamment dans le secteur horeca.
Vous Préparez aussi le lancement d'une nouvelle émission web
Cette nouvelle émission mensuelle s'appellera "Popcorn" et aura un concept totalement inédit au Luxembourg puisqu'elle sera diffusée exclusivement sur les réseaux sociaux et se présentera sous forme d'interviews menées de façon très décontractée. L'humour sera au rendez-vous, mais ce n'est pas pour autant que le contenu sera léger. L'émission parlera de technologie, de culture, d'économie et de sujets à la mode, dont certains seront traités plus en profondeur. L'originalité de l'émission viendra du ton employé par l'animateur et de l'angle choisi pour éclairer les sujets.
Un conseil aux personnes souhaitant tenter l'aventure de l'entrepreneuriat?
Je leur conseillerais de faire des études. Dans notre secteur, il ne suffit pas de disposer d’un savoir-faire technique, mais il faut aussi s'informer sur les différents aspects de la gestion d'une entreprise afin de disposer de solides bagages avant de se lancer. Pas besoin d'être expert en comptabilité, en marketing, en gestion de ressources humaines, etc. mais il faut avoir des notions de base dans toutes les matières touchant à la vie d'une entreprise. Il faut ensuite essayer de s'encadrer de collaborateurs aux compétences complémentaires.
Texte : Patrick Ernzer - Photos : Laurent Antonelli/ Agence Blitz