UEL - INDR
Organisée en partenariat entre le Ministère du Développement durable et des Infrastructures, le Ministère de l'Economie et l'UEL et l'INDR, la conférence du 20 septembre 2016 concernant l'impact de l'Accord de Paris sur les entreprises avait pour objectif de mettre en valeur les initiatives déjà mises en place par les entreprises, de transmettre aux autres entreprises ce savoir-faire et de leur montrer comment se préparer à la transition énergétique et où saisir des opportunités.
Un contexte qui évolue
Dans son mot d'introduction, Jean-Jacques Rommes, Administrateur délégué de l'UEL, a rappelé que l’UEL a créé l’INDR en 2007 pour qu’il devienne l’Institut national en matière de responsabilité sociale des entreprises. En ayant pris l’initiative de cette conférence conjointement avec le Ministère du Développement durable et des Infrastructures il y a quelques mois, il se positionne désormais clairement dans le paysage institutionnel de la RSE comme le point de rencontre au niveau national des parties prenantes en la matière.
Jean-Jacques Rommes a également rappelé que l’UEL, en tant qu’association faîtière du patronat, a procédé début 2016 à l’actualisation et à la re?orientation strate?gique de sa vision du mode?le de croissance luxembourgeois à l’avenir. Depuis la COP21 et le dernier World Economic Forum de Davos, il est devenu e?vident pour l'UEL que l’e?conomie mondiale va devoir se re?inventer un mode?le e?conomique d’ici 2050. L'UEL estime en effet que le dialogue initie? par le gouvernement et la Chambre de Commerce dans le cadre de l’e?tude sur la 3e re?volution industrielle (TIR) est fondamental, car il permettra de discuter dans un cercle e?largi a? la fois sur les chances qui de?coulent du bouleversement technologique et sur les contradictions qui mettent en danger notre mode?le e?conomique et donc notre mode?le social. Du co?te? des chances, l’UEL voit un potentiel de croissance inclusive et durable qui se distingue radicalement de l’actuel mode?le extensif construit sur une permanente augmentation de l’emploi. Pour Jean-Jacques Rommes, « nous entrons dans une e?re d’opportunite? en vue d’une re?volution e?nerge?tique, de gains de performance et de productivite? pour les entreprises et pour l'Etat avec a? la cle? une meilleure qualite? de vie pour la population et de nouvelles perspectives pour la jeune ge?ne?ration».
Implications de la COP21 pour le Luxembourg
Devant une salle comble, Carole Dieschbourg, Ministre de l'Environnement, a rappelé les 3 objectifs de l'Accord de Paris : contenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C et faire tous les efforts possibles pour le contenir à 1,5°C, renforcer les capacités d'adaptation à ces efforts et enfin rendre les flux financiers compatibles avec les efforts de transition. A ce jour, 27 pays ont ratifié l'Accord, ce qui laisse suggérer qu'il entrera en vigueur dans les prochains mois.
A la suite de la COP21, l'Union Européenne a déclaré comme objectif pour 2030 une réduction de 40% des émissions CO2. Le Luxembourg est allé au-delà et s'est engagé à diminuer ses émissions CO2 de 80% à l’horizon 2050, c'est-à-dire que les efforts de réduction devront aller en augmentant dans la durée. Au-delà de 2020, l'efficience énergétique et la génération d'énergies renouvelables donneront lieu à des co-bénéfices incontestables à différents niveaux : compétitivité, diversification économique, création d'emploi, santé, réduction de la pollution de l'air etc.
Le Luxembourg devrait se positionner comme la place par laquelle transiteront les flux financiers pour soutenir cette transition. Carole Dieschbourg a rappelé dans ce contexte la mise en place toute récente d'une climate finance task force chargée de développer ce volet.
La COP21 a encore promu la solidarité envers les pays en voie de développement les plus pauvres et les plus vulnérables. Dans ce domaine, de nombreuses opportunités s'offrent aux entreprises luxembourgeoises dont certaines sont déjà présentes sur le terrain.
Trois thèmes clés : énergie, mobilité, construction
Au coeur du débat, des entreprises qui ont déjà très concrètement mis en place des réalisations autour des thèmes clés de la conférence : efficacité énergétique, mobilité, construction, avec en toile de fond l'économie circulaire. Ces entreprises phares, comme Ceratizit S.A., Majerus-Parmentier Constructions, Goblet Lavandier & Associés Ingénieurs-Conseils S.A. ou ALD Automotive Luxembourg, ont témoigné de leur expérience, dans le but de servir d'exemples à suivre ou du moins d'inspiration à d'autres entreprises pour contribuer à l'objectif luxembourgeois en matière d'émissions.
Tom Eischen, Commissaire du Gouvernement à l'Energie, chargé de la Direction générale de l'Energie, Ministère de l'Economie, et des acteurs de référence, présents dans la salle, ont complété les témoignages.
Ceux-ci peuvent être repris comme suit :
- éviter les émissions CO2 en réduisant les besoins en énergie (la meilleure énergie est celle qui n'est pas consommée),
- réduire les émissions au minimum
- compenser les émissions non compressibles
Pour cela, une vraie prise de conscience doit avoir avec à la clé un changement de comportement qui soit encouragé par les pouvoirs publics dans le cadre de politiques étatiques et communales cohérentes. Pour les entreprises, une agence centralisée qui rassemble toutes les informations d'aides et de subventions serait utile, mais elles doivent aussi accepter d’envisager des investissements dont le retour s'étale sur une durée de 5-6 ans, de planifier de nouveaux sites de manière holistique (architectes, ingénieurs, entreprises) où l'écoconception, les accès à la mobilité et le bien-être des occupants deviennent des éléments indissociables.
Défis
Pour sa part, M. Camille Gira, Secrétaire d'Etat au Ministère du développement durable et des Infrastructures, a mis en perspective les défis auxquels devra faire face notre pays, lequel importe 96% de son énergie ! La 3e révolution industrielle avance à grands pas. Nous assistons à une transition, qui donnera lieu à une décentralisation (p.ex. du secteur de l'énergie) et qui ira vers une mutualisation des ressources et une solidarité entre secteurs. Il appartiendra au gouvernement, aux communes, mais aussi aux entreprises et à la société toute entière de faire preuve de flexibilité, de capacité d'adaptation et d'innovation. Du côté conseil et subventions aux entreprises, Camille Gira a annoncé la mise en place d'un guichet unique. Le Secrétaire d'Etat est convaincu que le Luxembourg pourra devenir un laboratoire de la transition énergétique et inspirer les autres pays.
Informations supplémentaires sur www.uel.lu