Affaires Economiques
Placée sous le signe de l'innovation, de la croissance et de la prospérité, la Journée de l'économie qui s'est tenue ce mardi 22 mars à la Chambre de Commerce a réuni acteurs économiques, politiques et chercheurs renommés. La croissance, sujet considéré comme central au Luxembourg en cette année d'élection, était au cœur des débats, à la fois dans ses enjeux actuels et sa vision prospective. Cette journée animée, au petit air de Davos, a été marquée par le dynamisme des intervenants, des prises de parole aux allures de campagne électorale, une mise en perspective des enjeux luxembourgeois au sein du vaste monde et une conclusion en mode participatif.
Les mots de bienvenue, de François Mousel, partner chez PwC Luxembourg, et de Carlo Thelen le Directeur général de la Chambre de Commerce, ont permis d'introduire certains défis pour le Luxembourg : rôle du gouvernement pour la dynamique économique, adhésion à un nouveau système de développement durable et nécessité d'une économie luxembourgeoise à la productivité croissante. Le professeur allemand Marcel Fratzscher, président du Think Tank DIW Berlin, a mis en exergue le paradoxe entre une conjoncture économique favorable en Europe et une polarisation marquée par le populisme, la paralysie et le protectionnisme. Des réformes et un effort en matière d'investissement lui paraissent indispensables pour surmonter ces difficultés. Experte en matière d'innovation, la professeure Mariana Mazzucato de l'University College London a appelé à un " rethinking " du secteur public, qui passerait d'une logique de contrôle à celle de missions et qui investirait davantage pour générer et mettre en œuvre les " Big innovations ".
John Parkhouse, CEO de PwC Luxembourg, a lui apporté le point de vue des dirigeants d'entreprise au niveau mondial et leur engagement extra-business, indispensable au maintien d'une économie prospère et en croissance. La croissance toujours, a été le thème d'un discours remarqué du Ministre de l'Economie Etienne Schneider, qui d'une démonstration par l'absurde et l'appel à la cohérence, a fait un plaidoyer vigoureux en faveur de celle-ci.
Lors d'un débat animé par le directeur du Statec, Serge Allegrezza, les représentants du CSV, Serge Wilmes, et de Déi gréng, Claude Turmes, lui ont répondu, mettant en avant pour le premier une " smarter growth" et pour le second une " radical degrowth strategy ". Le député européen écologiste appelait à poursuivre l'investissement dans le processus Rifkin à l'heure des projets concrets. Le processus Rifkin a aussi été évoqué à plusieurs reprises par le directeur des Affaires Economiques de la Chambre de Commerce, Marc Wagener, qui en fait la " roadmap " pour le développement durable du pays. L'autre sujet de consensus est le besoin d'investissement privé et publique, aussi bien en Europe dans son ensemble qu'au Luxembourg. Il faut en effet investir pour s'adapter au monde compétitif de demain à l'heure de l'automatisation et de la digitalisation, comme le souligne Jacques Lanners, le président de l'entreprise industrielle Ceratizit. Il faut aussi investir pour s'adapter à la forte croissance démographique du Luxembourg, et le besoin grandissant en termes de logement et d'infrastructure.
Un million, c'est le nombre choisi par le Think Tank IDEA pour poser le débat du Luxembourg de demain et de quatre de ses défis : le logement, les entreprises et l'emploi, le développement durable et la mobilité, ainsi que les finances publiques, la protection sociale et la santé. Les chantiers sont ainsi nombreux pour faire fonctionner ce possible futur Luxembourg à un million d'habitants. Une conférence parallèle, plus business, interrogeait les pratiques concrètes des entreprises en faveur d'une croissance soutenable, concluant cette journée, où chacun, dirigeants d'entreprises, personnalités politiques et experts, ont su enrichir le débat sur le futur modèle de croissance plus durable pour le Grand-Duché.