Global Competitiveness Report 2009-2010
Selon le rapport annuel établi pour l’année 2009-2010 par le World Economic Forum (WEF[1]), le Grand-Duché de Luxembourg améliore sa position dans le classement international des économies les plus compétitives, passant du 25e au 21e rang mondial. Ce résultat positif est à mettre en perspective avec le difficile contexte de crise économique mondiale.
Comme par le passé, les Etats-Unis et la Suisse occupent les deux premières places de ce classement international, avec un avantage cette année pour la Suisse en raison de la très forte dégradation pour les premiers des indicateurs des exigences dites « fondamentales », en particulier l’indicateur de stabilité macroéconomique (passage du 66e au 93e rang mondial). Pour le reste, les Etats-Unis demeurent l’économie la plus compétitive du point de vue de l’efficience et de l’innovation.
S’agissant des pays européens, 11 d’entre eux, et non plus 13 comme l’année passée, devancent le Luxembourg dans ce classement. Les meilleures performances sont produites de nouveau le plus souvent par les pays nordiques : Suède et Danemark aux 4e et 5e places et Finlande confortée à la 6ème position.
La Chambre de Commerce se réjouit certes de l’amélioration de la position du Grand-Duché dans un tel classement international très médiatisé. Elle tient cependant à souligner que le Luxembourg continue à présenter des faiblesses structurelles qui entravent sa compétitivité, surtout dans un contexte conjoncturel défavorable. En comparaison avec ses partenaires européens, le Luxembourg est toujours le moins bien classé : 7e position pour l’Allemagne, 16e et 18e places respectivement pour la France et la Belgique
Le bilan compétitif de l’économie luxembourgeoise
Le rapport du World Economic Forum établit une hiérarchisation des économies les plus compétitives au niveau international, laquelle est fondée sur la détermination d’un indice global de compétitivité tenant compte de l’analyse détaillée de trois « piliers » fondamentaux de la croissance et de la compétitivité des Etats. Il s’agit en l’espèce des exigences fondamentales en matière de compétitivité (institutions publiques, infrastructure, stabilité macroéconomique, santé et enseignement primaire), des facteurs d’amélioration de l’efficacité (enseignement supérieur et formation continue, efficacité des marchés de biens et du travail, sophistication du marché financier, utilisation des nouvelles technologies, taille de marché) ainsi que des facteurs dits de sophistication (degré de sophistication des entreprises et innovation).
La comparaison de l’indice global de compétitivité entre 2008 et 2009 fait ressortir que le Luxembourg enregistre une progression sensible par rapport aux exigences fondamentales de la compétitivité (Basic requirements), passant en un an du 15e au 7e rang mondial. C’est en matière institutionnelle et du point de vue des infrastructures que les indicateurs s’améliorent le plus. Pour autant, l’amélioration compétitive relative est plus visible pour ce qui concerne les institutions, la santé et l’éducation primaire. Autrement dit, le meilleur positionnement du Luxembourg dans le classement international de la compétitivité est à mettre à la fois sur des progrès absolus des indicateurs (et donc du pays) et sur le déclassement de certains autres pays, crise économique mondiale oblige.
Les résultats du Luxembourg demeurent satisfaisants du point de vue des performances macroéconomiques, tout en gardant à l’esprit la problématique de la soutenabilité à terme des finances publiques et du financement du système de protection sociale. L’amélioration de la qualité du système de santé et d’éducation primaire (+4 places), si elle doit être soulignée, doit également être relativisée compte tenu des moyens publics considérables qui y sont investis. Il convient à cet égard de poursuivre les efforts pour rendre plus efficientes ces dépenses, notamment au regard des pratiques étrangères.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner le meilleur positionnement compétitif du Grand-Duché pour ce qui concerne les améliorateurs d’efficacité (Efficiency enhancers). Hormis l’indicateur de sophistication du marché financier, tous les voyants ont évolué favorablement et les positions relatives se sont améliorées (sauf en matière de taille de marché) : +8 places pour l’enseignement supérieur, +10 pour l’efficacité du marché du travail. Pour des raisons évidentes, le Luxembourg a peu de marge de manœuvre pour faire évoluer l’indicateur de taille de marché, à plus forte raison dans un contexte de contraction de la demande mondiale.
Il demeure en matière d’enseignement universitaire des désavantages compétitifs importants du point de vue du système d’éducation, et encore plus en ce qui concerne la proportion, dans la population afférente totale, d’étudiants inscrits aux études supérieures (104ème rang), tandis qu’il convient de noter le maintien de l’indicateur relatif à la recherche publique (38e position). Du reste, il subsiste des rigidités à l’emploi (122e) et une insuffisance de flexibilité des salaires (100e place) pour ce qui est de l’efficacité du marché du travail. Les caractéristiques liées aux pratiques d’embauche et de licenciement ainsi que la participation des femmes au marché du travail et la discordance entre rémunération et productivité constituent, malgré des progrès visibles, des désavantages compétitifs en comparaison internationale.
De surcroît, le Luxembourg progresse substantiellement en matière d’efficience des marchés de biens et services (+10 places), de même que du point de vue de l’exploitation des nouvelles technologies (du 12e au 5e rang mondial). En ce qui concerne les facteurs d’innovation (Innovation and sophistication factors), le Luxembourg occupe désormais le 22ème rang mondial s’agissant du degré de sophistication des entreprises et le 21ème pour l’innovation. Le rapport WEF souligne les efforts gouvernementaux fournis pour renforcer les logiques de clustering (22ème), tout comme la sophistication des processus de production (maintien au 15ème rang), même s’il y a lieu de regretter un recul en matière de capacité d’innovation (de la 18e à la 23e place) et encore davantage les performances stagnantes au niveau de la disponibilité d’ingénieurs et de scientifiques (82ème rang).
Les principales difficultés pour le développement d’activités au Luxembourg
Le fait que de nombreux chefs d’entreprise luxembourgeois participent à l’enquête WEF rend possible l’identification claire des principaux facteurs qui ralentissent les progrès du Luxembourg en matière de compétitivité et qui entravent la faculté des agents économiques à entreprendre.
De façon plus aiguë encore qu’en 2008, les principales difficultés rencontrées par les entrepreneurs luxembourgeois ont trait aux rigidités du droit du travail et au problème de recruter du personnel qualifié (cf. Tableau 1). Les lourdeurs administratives demeurent aussi une préoccupation forte, même si elles sont dorénavant moins invoquées que les difficultés liées à l’accès au crédit, difficultés découlant directement de la crise économique et financière mondiale.
Le Département Economique de la Chambre de Commerce se tient à votre disposition pour plus d’informations concernant le rapport 2009-2010 du World Economic Forum:E-mail : eco@cc.lu Tél.: (+352) 423939-351 (M. Carlo Thelen, Chief Economist).
[1] Le classement rendu public par le World Economic Forum est établi sur la base d’indicateurs statistiques et de l’opinion des décideurs économiques et des dirigeants d’entreprises. Au Grand-Duché, la Chambre de Commerce est en charge de la coordination de l’enquête au Luxembourg (cf. www.cc.lu).