Fondée au Luxembourg en 2017 par François Cordier, LEKO LABS est une entreprise de construction disruptive. Elle a développé et fait breveter une technologie permettant la construction d’immeubles de logements et bureaux carbonégatifs, à des prix abordables et en un temps record. Pour accélérer le processus de fabrication, LEKO LABS a développé un process digitalisé unique au monde de micro-usine robotisée capable de livrer annuellement 500 logements, tout en privilégiant les circuits courts. Entretien avec François Cordier, fondateur de LEKO LABS.
(Visite du 17 novembre 2023).
Votre plus grande réussite?
L’équipe qui est en place, qui compte une cinquantaine de personnes de 12 nationalités différentes et venant d’horizons et de secteurs divers, tels que la construction, l’automobile, les jeux vidéo… et qui travaillent tous ensemble en bonne intelligence.
Un échec marquant?
La vie d’un entrepreneur est pavée d’échecs ! Il faut savoir s’en servir pour avancer.
Des projets à venir ?
Nous sommes à la recherche de notre prochain site de production. C’est très compliqué et nous nous heurtons à des procédures compliquées pour qui veut installer une industrie. Tout ceci sans parler du prix du foncier qui est un obstacle au Grand-Duché! Le marché luxembourgeois étant limité, nous exportons une grande partie de notre production et nous agrandir est vital. La construction de notre prochaine usine sera une étape majeure dans notre développement et pour aborder les marchés limitrophes. En plus du Luxembourg, nous allons ouvrir un site à Londres et un en France dans les deux ans à venir.
Selon vous, qu’est-ce qui vous différencie de la concurrence?
Nos principaux concurrents travaillent le béton. Nous offrons une alternative avec une meilleure performance énergétique, une empreinte écologique moindre et un coût plus attractif. Puis, notre agilité fait aussi la différence. Nous avons su conserver une culture startup, c’est dans notre ADN. Cet état d’esprit implique une certaine frugalité qui nous permet de faire beaucoup avec peu. Enfin, notre multiculturalisme, qui s’applique aussi à nos produits, fait la différence.
Votre vision de l’entrepreneuriat? Un modèle?
Entreprendre, ce n’est pas faire un sprint mais un marathon. Pour moi, le succès met des années à se construire. Si je devais avoir un modèle, ce serait James Dyson, qui a construit plus de 5.000 prototypes de son aspirateur avant de sortir le produit final qui correspondait à ce qu’il avait en tête au tout début!
Un conseil à donner à un entrepreneur en herbe?
Je ne suis pas une personne qui donne des conseils. Mais je dirais seulement qu’il faut toujours croire en sa bonne étoile! Quand il y a des jours plus difficiles cela permet de s’accrocher, de tenir bon! Je pourrais citer Elon Musk «être entrepreneur, c’est manger du verre pilé et regarder en face les abysses de la mort».
Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement ? Comment les surmonter ?
Nous sommes actifs dans les secteurs de l’immobilier, de la construction. Nous avons surmonté la crise des subprimes en 2008 qui était violente, mais ce que nous traversons en ce moment est encore plus intense et nous avons l’impression que les gouvernements n’ont pas de réponses. De plus, nous avons une grosse partie de notre activité utilisant la technologie, ce qui nous oblige à faire de gros investissements. Là également, la situation actuelle est très difficile. Les banques ne jouent pas le jeu et ne soutiennent pas les entreprises alors que le pays regorge de pépites sur son territoire. Sans compter les difficultés de recrutement, qui du coup, comparées aux autres points, pourrait presque paraître anecdotiques! Signer des commandes en ce moment est donc très compliqué! Nous espérons que le fait que nous travaillions avec des matériaux bas carbone nous aide à surmonter cette zone de turbulences!
TEXTE Corinne Briault - PHOTOS Anouk Flesch (01 ; 02 ; 03) et LEKO LABS