IMD World Talent Ranking 2022
Economie tournée vers l’extérieur, le Luxembourg dépend fortement de la main-d’œuvre étrangère. 73,5% des salariés n’ont pas la nationalité luxembourgeoise et près de la moitié (46,7%) sont frontaliers. Malgré le dynamisme de son économie, le pays fait face à une pénurie de main-d’œuvre dans la plupart des secteurs qui tend à s’aggraver, du fait de nouvelles compétences recherchées (en lien notamment avec les transitions digitales et environnementales) et d’une inadéquation entre profils disponibles et demandés. Les entreprises doivent bien souvent élargir leur périmètre de recherche de talents au-delà de la Grande Région, voire du continent européen.
En ligne avec les difficultés observées sur le terrain, les résultats de l’édition 2022 du World Talent Ranking* de l’International Institute for Management Development (IMD), portant sur la capacité des Etats à renforcer leur compétitivité via le développement et l’attraction des talents, reflètent une dégradation générale des performances du Luxembourg. A la 3e position dans les deux classements précédents, le Grand-Duché recule à la 7e place (sur 63 pays). S’il perd « seulement » une place sur les investissements et le développement des talents, il passe de la deuxième à la cinquième position sur le volet « attractivité » (c’est-à-dire, sa capacité à attirer et retenir les talents étrangers) et recule à un niveau historiquement bas sur l’aspect qualité des compétences disponibles (25e).
« Face aux défis technologiques, digitaux et environnementaux actuels et face à la nécessité de diversifier continuellement leurs activités et marchés, les entreprises doivent disposer de talents et de compétences spécialisées en suffisance. A la fois pour continuer à innover, mais aussi à s’affirmer dans un contexte international de plus en plus concurrentiel et complexe », note Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce.
L’étude IMD montre également que le système éducatif ne tient pas toutes ses promesses. En 3e position sur l’aspect « investment & development », derrière la Suisse (1ère) et la Suède (2e), le Grand-Duché reste leader pour son niveau de dépenses publiques d’éducation par élève (1er). En revanche, le pays recule à la 3e position sur le ratio élève-enseignant dans le primaire, devancé par la Grèce, en tête, et la Hongrie. Les résultats se dégradent également sur le volet de l’apprentissage, avec une perte de 11 rangs entre 2021 et 2022, pour atteindre la 26e position, loin derrière le top 3 constitué de la Suisse, de l’Allemagne et de l’Autriche. Avec un taux d’emploi des femmes (de 15 à 64 ans) de 66% (2021), le Grand-Duché reste à la traine sur cet indicateur (52e).
Des résultats à la traîne malgré d’importants moyens financiers
Le Luxembourg se situe au 5e rang sur l’axe de l’attractivité, avec un niveau de vie parmi les plus élevés au monde (10e), une forte capacité de son économie à attirer du personnel hautement qualifié (7e) et un haut niveau de rémunération dans le secteur des services (3e). En revanche, la perception des dirigeants d’entreprises du système judiciaire s’est dégradée par rapport à l’an passé, le pays passant de la 10e à la 21e place. En outre, les dirigeants placent le Luxembourg à la 23e place quant aux effets de la fuite des cerveaux sur la compétitivité de leur entreprise, soit un recul de 11 rangs entre 2021 et 2022.
La Chambre de Commerce est particulièrement attentive à ces éléments qui traduisent de véritables risques pour l’économie. Acculées par des charges énergétiques lourdes et une croissance réduite, les entreprises sont d’autant plus sensibles face à des chocs sur le marché du travail. En baisse constante depuis 2018, le volet « Disponibilité » reste le maillon faible du Luxembourg. Si le multilinguisme est un atout important pour les entreprises, les écarts se creusent avec des pays comme la Finlande (4e), la Suisse (2e) et Singapour (1er), sur base de faiblesses structurelles persistantes. Tout comme les années précédentes, le Grand-Duché se caractérise par un faible pourcentage de diplômés dans les matières scientifiques, inférieur à 20% (50e). En phase avec les résultats du second semestre 2022 du Baromètre de l’Economie de la Chambre de Commerce, les dirigeants d’entreprises font état d’une aggravation du manque de main-d’œuvre qualifiée (le pays recule de la 48e à la 52e position) et d’un manque de managers seniors expérimentés (recul de 8 rangs sur cet indicateur).
Consciente de l’importance de ces sujets pour l’économie en général et les entreprises en particulier ainsi que de l’urgence pour adopter des mesures d’amélioration, la Chambre de Commerce a d’ailleurs lancé un groupe de travail « Talents ». Ce groupe élabore des propositions concrètes pour améliorer la performance du Grand-Duché en termes d’attraction, de rétention et de disponibilité de main-d’œuvre.
(*) La Chambre de Commerce a participé à la collecte des données auprès des entreprises du Luxembourg en tant que partenaire institutionnel d’IMD.
Informations pratiques
Lien direct vers l’IMD World talent Ranking 2022
www.imd.org/centers/world-competitiveness-center
Auteurs : Affaires Economiques
Pour contacter les auteurs : eco@cc.lu