Les candidats des partis politiques face au défi du manque de main-d'œuvre qualifiée
En vue des élections législatives, la Chambre de Commerce a organisé ce 27 mars une table ronde dédiée au marché du travail, et aux talents, en particulier. Cet échange avec les candidats des partis politiques en lice pour les législatives s’inscrit dans la continuité de la campagne « Elections 2023 : Quel avenir pour les entreprises ? ». Les débats ont porté sur l’organisation du temps de travail, l’attraction et la rétention de talents, ainsi que les défis à relever dans la formation continue.
Attirer et développer les talents est une priorité absolue pour répondre à la pénurie grandissante de main-d’œuvre, et ainsi tendre vers un marché du travail durablement performant. Le Luxembourg s’est longtemps distingué en tant que marché très international, dynamique et attractif. Le pays s’est appuyé sur les talents extérieurs pour développer son économie et se diversifier. Jusqu’à présent, il a pu également compter sur l’afflux d’une main-d’œuvre frontalière jeune. Mais cette dynamique s’essouffle et le Luxembourg doit impérativement trouver de nouvelles voies pour continuer à faire tourner l’économie et assurer la croissance au regard du ratio de dépendance (rapport entre le nombre d'individus réputés inactifs économiquement – jeunes et personnes âgées –, et ceux en âge de travailler, dont les inactifs dépendent pour leur procurer un revenu ou subvenir à leurs besoins).
Pour discuter des enjeux et solutions envisagées au niveau national, le panel de la table ronde de la Chambre de Commerce a rassemblé : Georges Engel, Ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Économie sociale et solidaire et candidat pour le LSAP ; Carole Hartmann, députée du DP ; Laurent Mosar, député CSV ; Charles Muller, candidat de Déi Gréng; Sven Clement, député du Piratepartei ; Alex Penning, secrétaire général de l’ADR ; Carole Thoma, coporte-parole de Déi Lénk ; et Christian Turk, candidat de Fokus.
Le panel est revenu sur les enjeux économiques avec les réponses à apporter à la fois pour attirer une main-d'œuvre qualifiée issue de l’étranger et pour renforcer les compétences et connaissances des profils présents sur le marché du travail, afin de réussir notamment les transitions écologiques et digitales. Dans le récent Baromètre de l’Economie de la Chambre de Commerce, 55% des entreprises avaient considéré le manque de main-d’œuvre qualifiée comme un des principaux obstacles à leur développement économique. D’ici à 2030 le besoin de recrutement au Luxembourg est estimé à quelque 300.000 salariés, départs en retraite inclus.
La thématique de l’organisation du temps de travail a été vivement discutée, notamment les questions portant sur la durée du travail hebdomadaire, les périodes de référence et le code du travail. Les panelistes ont proposé des solutions pour répondre aux besoins des entreprises en termes d’attractivité et de rétention des talents, mais aussi d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les salariés. Par ailleurs, les primes participatives, les incitatifs pour la création de logements par l’employeur ainsi que la reconnaissance et les équivalences des diplômes étaient au cœur des débats pour attirer une main-d’œuvre venant de l’étranger.
« Agir sur la pénurie de main-d’œuvre dans les différents secteurs et permettre une organisation du travail efficace et flexible en ligne avec les besoins des entreprises et des salariés, c’est assurer notre modèle économique et social », a expliqué Carlo Thelen, Directeur Général de la Chambre de Commerce dans son mot d’introduction.
Karin Scholtes, co-présidente de la House of Training a esquissé les défis pour les entreprises de trouver les profils adéquats, soulignant notamment le fait que les programmes scolaires ne sont pas assez en phase avec les besoins du marché du travail.
Pour la Chambre de Commerce, cinq solutions sont à mettre en œuvre prioritairement :
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Adopter une stratégie nationale « talents » autour de 4 volets : promotion de l’apprentissage à tous les niveaux d’enseignement ; revalorisation du cofinancement de la formation continue en entreprise ; identification des besoins en compétences présents et futurs ; mise en place de régimes fiscaux attractifs pour les salariés (prime défiscalisée, etc.).
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Réformer l’orientation en milieu scolaire, promouvoir les matières STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics) dès l’enseignement fondamental et mettre en place un programme d’accompagnement personnalisé dès le secondaire.
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Assouplir la législation sur l’organisation du temps de travail pour permettre une gestion au cas par cas dans le cadre du dialogue social en entreprise, en fonction des spécificités de chaque entreprise, et exclure toute réduction généralisée du temps de travail.
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Optimiser, coordonner et étendre les initiatives existantes pour promouvoir le Luxembourg auprès des talents étrangers et agir en faveur d’une mise en relation plus efficiente entre entreprises et candidats.
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Créer une plateforme unique multilingue pour faciliter les démarches d’entrée et de séjour des ressortissants de pays tiers, salariés, étudiants et chercheurs.
L’évènement de la Chambre de Commerce a rassemblé 250 chefs d’entreprises, cadres dirigeants et responsables des ressources humaines qui ont pu apporter leurs réflexions au débat.
Les solutions préconisées par la Chambre de Commerce sont à retrouver dans un livret thématique accessible en ligne et intitulé : « Développer tous les talents au sein d’un marché du travail attractif, performant et ouvert ».
L’ensemble du dossier thématique autour des élections 2023 peut être consulté sur www.cc.lu/dossiers-thematiques/elections-2023.
Une prochaine table ronde thématique sera consacrée le 25 avril aux transitions environnementale et digitale. Les inscriptions sont actuellement ouvertes au grand public dans l’agenda en ligne.