Luxembourg, 20e pays le plus performant : une inertie compétitive risquée pour le Grand-Duché

Affaires économiques

World Economic Forum - Global Competitiveness Report 2016-2017

Le " World Economic Forum " (WEF) vient de publier son rapport " Global Competitiveness Report 2016-2017 " (GCR) ; classement international de compétitivité dans lequel le Luxembourg maintient la même position que dans celui publié en 2015, à savoir un 20e rang parmi 138 pays évalués cette année (contre 140 l'année précédente). Devancé par huit pays membres de l'UE, ce placement ne constitue guère un résultat entièrement satisfaisant pour le Grand-Duché. Comme par le passé, la Suisse mène la danse de la compétitivité, suivie de Singapour (2e) et des Etats-Unis (3e). De renommée internationale, le WEF définit la compétitivité comme " l'ensemble des institutions, politiques et facteurs qui déterminent le niveau de productivité d'un pays ". Son " Global Competitiveness Report " fournit ainsi un aperçu des moteurs de productivité et de prospérité des pays évalués, ainsi qu'un portrait de leurs forces, mais aussi de leurs faiblesses et défis en comparaison internationale. De la sorte, le rapport livre du " food for thought " aux gouvernements qui aimeraient parfaire certains aspects de leur compétitivité.

Basée notamment sur un sondage mené par la Chambre de Commerce, l'analyse du GCR pour le Luxembourg se greffe d'une part sur l'opinion des décideurs économiques et des dirigeants d'entreprises au Luxembourg. Elle repose d'autre part sur des indicateurs statistiques publics, fournit par les Etats membres et les institutions internationales.

Cette année, le Grand-Duché se retrouve donc à la 20e place, tout comme en 2010 et en 2015. Au niveau des trois sous-indices mesurant la compétitivité, le Luxembourg maintient le même rang qu'en 2015 pour les sous-indices " Basic requirements " (9e place) et " Efficiency enhancers " (23e place). Seul le sous-indice " Innovation and sophistication factors " bénéficie d'une légère embellie dans l'édition 2016-2017 du GCR, passant du 18e au 16e rang - une faible amélioration, mais certes à saluer.

En tant que petite économie ouverte, la compétitivité constitue un carburant indispensable pour l'appareil productif luxembourgeois. La relative apathie compétitive de cette année indique que des défis et des inefficiences structurelles persistent.

Une analyse de l'édition 2016-2017 révèle en effet plusieurs points faibles : des rangs insatisfaisants sont à déclarer au niveau des piliers ayant trait singulièrement à la santé et l'enseignement fondamental (-9 places, 43e), à l'éducation post-primaire et la formation continue (-7, 47e). Aux yeux de la Chambre de Commerce, le Luxembourg devrait dès lors déployer des efforts pour implémenter la " réforme du lycée " ainsi que celle de la formation professionnelle, pour espérer des progressions dans les années à venir. Avec des initiatives, comme le talent-check, la campagne de promotion de la formation professionnelle " Win Win " ou encore l'Institut Supérieur de l'Economie-Hochschule der Wirtschaft, récemment créé en collaboration avec la Chambre des Métiers, la Chambre de Commerce cherche à remédier, de son côté, à ces faiblesses.

Leviers de la compétitivité économique, les réseaux routiers, ferroviaires et aériens doivent devenir encore plus efficaces à l'avenir; au lieu de l'empêcher, elles devront contribuer à la prospérité du pays. Ainsi, en matière d'infrastructures (+1, 16e), une certaine marge de progression persiste sous toile de fond des défis socio-économiques et démographiques du Luxembourg.

Du côté des points forts, le Grand-Duché figure, encore cette année, dans le " top 10 " du palmarès des pays les plus compétitifs pour ses piliers " traditionnels ", tels que celui des institutions (-2, 8e), de l'efficacité des marché des biens (stagnant, 4e), et des aptitudes technologiques (-1, 2e). A noter également l'amélioration du pilier " environnement macroéconomique " (+7, 7e), l'un des critères clef pour la réussite sur l'échiquier international, affiche son meilleur résultat depuis des années.

Mais on peut toujours faire mieux, notamment après le sur-place que le Luxembourg s'est offert avec son classement 2016-2017. A cet égard, il y a lieu de relever que la Fondation IDEA asbl, think thank autonome créé à l'initiative de la Chambre de Commerce, s'est focalisée, dans son Idée du mois (IDM) de septembre, sur le positionnement du Luxembourg dans le classement WEF pour répondre à la question "Comment le Luxembourg pourrait-il se hisser parmi les dix premiers pays du classement ?" (http://www.fondation-idea.lu).

Le champion du classement GCR 2016-2017, la Suisse (1er pour la 8e année consécutive) a misé sur des stratégies en termes d'innovation, écosystème qui est devenu aujourd'hui l'un des plus fertiles au monde. Suivant cet excellent exemple, le Luxembourg devrait s'investir davantage dans le domaine de l'innovation (16e), afin d'améliorer son placement dans le Top 20 du GCR. Ensemble avec la feuille de route vers une " Troisième Révolution Industrielle ", ce sera la capacité d'adaptation et d'innovation du Luxembourg qui déterminera son sort socio-économique à l'avenir.