L’International Institute for Management Development (IMD) vient de publier la 6ème édition de son classement des économies les plus compétitives sur le plan digital, 3 mois après la parution de son célèbre classement de la compétitivité. Les années se suivent et ne se ressemblent pas pour le Luxembourg.
Avec un score de 76,47, en recul de 1 point par rapport à l’an passé, le pays dégringole de 8 positions cette année pour figurer à la 30ème position du classement, soit sa plus mauvaise place jamais enregistrée. L’attribution du score global de chaque pays repose sur des critères quasi similaires aux années précédentes, à savoir une évaluation autour de 3 piliers : « Knowledge », construit autour d’indicateurs axés sur la qualité du capital humain, « Technology » pour évaluer le contexte général favorable au développement des technologies numériques et « Future Readiness », qui mesure le degré d’adoption des technologies par les gouvernements, les entreprises et la société en général. 3 piliers eux-mêmes divisés en 9 sous-facteurs comprenant 54 critères. Cette année, ce sont 63 pays qui ont été passés à la loupe.
Petit séisme parmi les premières places où l’hégémonie des Etats-Unis (2e) prend fin après 4 années. Le Danemark, non content de se hisser au sommet du célèbre classement de compétitivité de l’Institut en juin dernier récidive, devenant par la même le premier pays européen à atteindre la première place. La Suède, au 3e rang, vient compléter le podium. La comparaison est peu flatteuse pour le Luxembourg, qui se situe dans le dernier tiers des pays dont le PIB par habitant est supérieur à 20.000€, au 20ème rang européen et seulement au 13ème rang des pays de l’Union européenne. Les pays limitrophes, Allemagne, France et Belgique sont respectivement 19ème, 22ème et 23ème. Marqueur de compétitivité de plus en plus affirmé, il n’est pas surprenant que 8 pays du top 10 de ce World Digital Competitiveness Ranking se trouvent également dans celui du World Competitiveness Yearbook.
Le Luxembourg régresse cette année sur l’ensemble des 3 facteurs du classement. Il perd respectivement 6 et 5 places sur les piliers « Knowledge » et « Technology ». Le pays chute de 11 places sur le pilier « Futur readiness », reculant à la 35ème position.
Le Grand-Duché continue de disposer d’atouts importants. Le pays figure à la 7ème position sur l’aspect « main-d’œuvre étrangère hautement qualifiée », à la 10ème place pour la réussite dans l’enseignement supérieur, et se situe parmi les meilleurs quant au ratio élèves par enseignants (9ème rang). Grâce à sa place financière importante, le Luxembourg profite d’un environnement favorable aux fintechs. Il se situe en haut du classement (2ème) concernant la capitalisation boursière dans le secteur des technologies et des médias. Après avoir été classé 8ème internet le plus rapide au monde par le site britannique Cable.co, le Luxembourg se retrouve 6ème concernant la vitesse de la bande passante internet, confirmant ainsi sa bonne position sur ce segment extrêmement important pour les usagers et les entreprises. Le Luxembourg capitalise également sur ses forces habituelles, à savoir sa notation AAA (1ère place), le nombre d’usagers internet (5ème place) ou encore la protection des logiciels contre le piratage (4ème place). A noter la progression fulgurante du classement du pays sur la crainte de l’échec des entrepreneurs, les empêchant de développer une entreprise. Le Luxembourg fait un bond de 20 places sur ce sujet, passant de la 40ème à la 20ème place sur cet indicateur.
Néanmoins, de nombreuses et fortes insuffisances empêchent le Luxembourg d’achever son projet de « Digital nation ». Parmi les plus importantes, il convient de relever un investissement dans les télécommunications en pourcentage du PIB encore trop faible, situant le pays en pénultième position de ce classement, des abonnés au haut-débit mobile encore trop peu nombreux, matérialisant la critique des auteurs du rapport DESI, regrettant que la couverture 5G au Grand-Duché représente uniquement 13% du réseau (contre 66% en moyenne à l’échelle de l’UE). L’interaction en ligne entre les citoyens et le gouvernement est encore trop peu utilisée au Luxembourg (52ème place), et le pays souffre d’un manque de publications scientifiques en rapport avec le montant investi en R&D (60ème position).
Le Centre mondial de la compétitivité, centre de recherche attaché à IMD conseille aux gouvernements et au secteur privé d’investir dans les talents, la formation, l’éducation, mais aussi en R&D afin de protéger leurs infrastructures digitales contre les cyberattaques et de développer des services d’e-administration, clés pour devenir une économie digitale compétitive. Si l’Amérique du Nord, l’Est de l’Asie présentent un haut niveau de cybersécurité, l’Europe mais aussi l’Amérique du Sud ou encore l’Asie centrale accusent un écart important entre le développement des services administratifs en ligne et leur capacité en matière de cybersécurité. Cet écart risque de rendre ces régions particulièrement vulnérables aux cyberattaques.