
À l'approche du cinquième anniversaire du premier confinement lié au COVID-19, JLL dévoile sa dernière enquête biennale sur l'évolution des modes de travail et ses répercussions sur l'immobilier d'entreprise.

Menée depuis 2011, cette étude 2024 analyse les priorités, défis et stratégies de plus de 2 300 décideurs en immobilier d'entreprise (CRE) à travers le monde. Elle offre des perspectives inédites sur des sujets cruciaux comme l'intégration des nouvelles technologies, l'évolution du design des espaces de travail et l'importance croissante des critères ESG dans les décisions immobilières. JLL Belgique et Luxembourg, participants à cette enquête mondiale, partagent les principaux enseignements de cette analyse approfondie du secteur.
1. La gestion du portefeuille immobilier, au service des objectifs des entreprises
En Belgique et au Luxembourg, les décideurs adoptent une approche équilibrée et tournée vers l'avenir pour leurs stratégies d’entreprise. Ils se concentrent sur des objectifs clés qui promettent un succès à long terme : stimuler la croissance de l'entreprise (68%), attirer et retenir les meilleurs talents (62%) et avoir un impact positif sur les communautés (62%).
La réduction des coûts reste primordiale dans l’optique des décideurs (64%), cette approche n'étant toutefois pas en contradiction avec les objectifs de croissance. Elle reflète plutôt une stratégie prudente pour garantir une allocation optimale des ressources afin de favoriser l'expansion et l'innovation. L’enquête révèle qu’en équilibrant les initiatives de croissance avec la prudence financière, les entreprises Belges et Luxembourgeoises se positionnent pour réussir de manière résiliente et durable dans une économie en pleine évolution.
2. Les évolutions des modes de travail continuent à influencer les portefeuilles immobiliers et la stratégie d'implantation
L'évolution des modes de travail depuis la pandémie a été significative. Notre « Baromètre de préférences des salariés » de 2022 avait révélé que 36% des employés de bureau travaillaient exclusivement sur site. Dès 2023, l'enthousiasme initial pour le travail hybride a commencé à se nuancer, avec des préoccupations émergentes concernant la performance, l'innovation et le sentiment d'appartenance, conduisant à des approches diverses selon les régions et les pays.
Notre étude actuelle montre qu'en Belgique, 56% des entreprises se définissent comme « adeptes de l'hybride », offrant au moins une journée de télétravail hebdomadaire. Les 44% restants se positionnent comme « défenseurs du bureau », sans option de travail à distance. Au Luxembourg, malgré une réticence historique au travail à distance principalement due à des considérations fiscales, les employeurs manifestent désormais une ouverture croissante à cette flexibilité.
Fait notable, 60% des répondants à l'enquête anticipent une augmentation du nombre de jours de présence obligatoires au bureau d'ici 2030, suggérant une tendance à long terme vers un retour partiel au travail en présentiel. Cette évolution reflète un équilibre dynamique entre les nouvelles pratiques de travail flexible et le besoin persistant d'interactions en face à face dans l'environnement professionnel.
3. Un engagement significatif à adopter la technologie et l'IA pour améliorer la performance et la valeur ajoutée des équipes en immobilier d'entreprise
L’intelligence artificielle (IA) a déjà fait son entrée dans les grandes entreprises. Cependant, dans le domaine de l’immobilier, elle n’en est encore qu’à ses balbutiements. Notre enquête révèle que 77% des répondants pensent que l'IA pourrait contribuer à résoudre les défis de la gestion quotidienne des biens immobiliers d'entreprise (CRE). Cependant, seulement 54% considèrent son adoption comme essentielle pour augmenter la valeur ajoutée de la fonction CRE. Malgré cela, 78% affirment que leur entreprise dispose d'une stratégie pour développer et implémenter l'IA dans la gestion de leur portefeuille immobilier.
Dans notre région, bien que l'engagement envers l'IA soit élevé et qu'elle soit perçue comme une solution aux principaux défis immobiliers, une approche hybride prédomine actuellement. En effet, 41% des opérations combinent des processus manuels et pilotés par l'IA. Cette tendance suggère que, malgré la propagation croissante de l'IA dans le milieu professionnel, l'expertise humaine demeure cruciale dans le secteur immobilier. L'avenir semble donc se dessiner autour d'une synergie entre technologie avancée et savoir-faire humain.
4. L'impact positif de l'immobilier s'étend au-delà de la durabilité pour inclure des facteurs sociaux
La durabilité redéfinit profondément les décisions immobilières des entreprises, influençant les stratégies de travail hybride, la gestion des ressources et le renforcement de la résilience. L'objectif climatique fixé pour 2030 pèse lourdement sur les décideurs belges : 67% d'entre eux investiront dans des bâtiments résilients au climat, tandis que 70% sont prêts à payer un surplus pour des bâtiments aux certifications plus élevées. Une proportion similaire opte pour des aménagements intégrant du mobilier recyclé.
La notion de durabilité s'étend désormais aux aspects sociaux, les professionnels de l'immobilier d'entreprise intégrant le bien-être des employés comme partie intégrante de leurs responsabilités. En collaboration avec les ressources humaines, ils déploient des espaces de travail favorisant l'égalité des genres (81%), l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite (82%), et soutiennent la mixité générationnelle sur le lieu de travail (73%). Cette approche holistique de la durabilité reflète une évolution significative dans la conception et la gestion des espaces de travail, alliant préoccupations environnementales et sociales.
5. La fonction immobilière d'entreprise est mise au défi de concilier les priorités à court terme et à long terme.
En 2024, l'influence des décideurs en immobilier s'étend à tous les aspects de l'entreprise, de l'efficacité organisationnelle à l'impact social, en passant par l'innovation, la gestion du travail hybride et la réduction de l'empreinte environnementale. Leurs efforts s'alignent de plus en plus sur les objectifs organisationnels globaux.
Cependant, les responsables en immobilier d'entreprise (CRE) font face à un défi complexe : concilier objectifs à court et long terme. Bien que 32% estiment que les solutions innovantes créent le plus de valeur, 39% s'attendent à être évalués sur la réduction des coûts. Ce conflit s'étend à la gestion des talents : 54% des répondants la reconnaissent comme une priorité organisationnelle, mais seulement 29% y voient un domaine où l'immobilier d'entreprise peut apporter une valeur ajoutée.
Pour surmonter ces priorités contradictoires, les départements immobiliers doivent se repositionner stratégiquement. Leur défi est de se faire percevoir comme un atout stratégique plutôt qu'un simple centre de coûts, et de contribuer significativement aux objectifs de l'entreprise. Cette transformation représente une opportunité de libérer un potentiel substantiel de création de valeur.
En conclusion, l'étude "Future of Work 2024" met en lumière cinq tendances majeures dans l'immobilier d'entreprise en Belgique et au Luxembourg. On observe une orientation vers une croissance intelligente et responsable, alliant développement durable et prudence financière. Les modes de travail en évolution continuent d'influencer les stratégies immobilières, avec une tendance au retour progressif au bureau. L'intégration croissante de l'intelligence artificielle promet d'augmenter la performance des équipes immobilières, tout en préservant l'expertise humaine. L'impact positif de l'immobilier s'étend au-delà de la durabilité pour englober des facteurs sociaux, avec un accent mis sur le bien-être des employés et l'ouverture sur les communautés locales. Enfin, les responsables immobiliers sont confrontés au défi de concilier les priorités à court et long terme, devant repositionner leur fonction comme un atout stratégique plutôt qu'un simple centre de coûts. Ces tendances dessinent un avenir où l'immobilier d'entreprise joue un rôle central dans la réussite et la durabilité des organisations en Belgique et au Luxembourg.