L'histoire de la famille Ruppert et sa passion pour le vin sont intimement liées. Elles remonteraient à 1680, à une époque où en effet, pratiquement toutes les familles de Schengen possèdent quelques vignes. Restée fidèle à la viticulture, la famille Ruppert s’installe en 2008 sur son site de production actuel. Henri Ruppert, qui exploite aujourd’hui les vignes avec son neveu Nicolas, représentent la huitième et la neuvième génération d’exploitants à la tête d’un domaine qui couvre à présent quelque 22 hectares à Schengen, au sud de la Moselle luxembourgeoise, et emploie une vingtaine de personnes. Avec des vins reconnus et primés régulièrement à de grands concours internationaux, Henri et Nicolas Ruppert, tous deux passionnés, se sont donné comme objectif d’amener leurs vins au firmament de la qualité. Entretien avec Henri Ruppert.
(Visite du 19 juillet 2024).
Votre plus grande réussite?
Sans aucun doute la construction du lieu de production actuel. Ce bâtiment, que nous avons officiellement inauguré en 2008, sur les coteaux de la Moselle à Schengen, a permis à notre domaine de gagner en visibilité et d’optimiser grandement les processus de production. Nous pouvons y accueillir les publics, les touristes étrangers et luxembourgeois, pour des dégustations. Ce bâtiment est un véritable outil de promotion et de découverte de nos vignobles et de nos vins. Nous avons souhaité nous doter d'une cave à la hauteur de ses vins, majestueuse.
Un échec marquant?
Nous n’avons pas connu de grands échecs et les petites déconvenues servent toujours à trouver des solutions qui nous permettent de grandir et qui nous rendent plus forts. Dans notre métier, nous dépendons de la Nature, nous devons travailler avec les aléas climatiques, et cela cause régulièrement des dégâts importants sur nos vignes et les récoltes. Tout cela peut mettre en péril l‘existence du Domaine et cela met une forte pression sur notre travail au quotidien.
Des projets à venir ?
J’ai une passion pour le Sauvignon blanc. Nous avons donc planté les premiers pieds de ce cépage, et nous devrions récolter les premiers fruits de ce travail en 2026. Nous souhaitons aussi accroitre la production de Crémant. Les bulles sont très appréciées et aujourd’hui, la qualité des Crémants produits au Luxembourg n’a plus grand chose à envier aux champagnes.
Selon vous qu’est-ce qui vous différencie de la concurrence?
Le Domaine Henri Ruppert mise sur une politique de qualité exigeante, nous voulons toujours faire mieux et tirer le meilleur de ce que nous donne la Nature. Nous misons sur de faibles rendements. Nous faisons les vendanges à la main et pas avec des machines, ce qui nous permet de faire des sélections rigoureuses des raisins. Puis, nous travaillons sur la maîtrise de l'élevage en barrique. A chaque récolte, chaque année, nous sommes motivés par la recherche de la perfection. De l'ambition de cette perfection découle la qualité de nos vins.
Votre vision de l'entrepreneuriat?
Un entrepreneur, à la différence d’un salarié, prend plus de risques et porte plus de responsabilités. Il ne compte pas ses heures. Avoir une vision c‘est une chose, avoir le courage de la réaliser c’en une autre. Il faut beaucoup d‘ambitions pour atteindre ses objectifs.
Un conseil à donner à un entrepreneur en herbe?
Il faut être tenace, être prêt à sacrifier beaucoup de temps, bien au-delà des 40 heures par semaine. Il faut se poser les bonnes questions avant de lancer son entreprise. Toujours penser aux solutions, pas aux problèmes. Si on a la volonté de réussir, et de bonnes idées, il n’y a pas de raison que cela ne marche pas !
Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement? Comment les surmonter ?
Le monde du vin est en train de changer, la consommation est en constante régression depuis quelques années. Il faut s‘adapter et se différencier des autres en misant sur des produits différents et sur un très haut niveau de qualité car seuls les produits d’exception arrivent à tirer leurs épingles du jeu en temps de crise.
TEXTE Corinne Briault - PHOTOS Domaine Henri Ruppert (02 ; 03 ; 04 ; 05 ; 06)