A l’occasion de la publication de son Actualité & tendances n°26 « L’économie circulaire au Luxembourg : passer de la théorie à la pratique » et de sa conférence sur la même thématique, la Chambre de Commerce a convié différents acteurs de la place luxembourgeoise à échanger sur la transition du pays d’un modèle économique linéaire vers un modèle circulaire plus durable.
Le mot de bienvenue de Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce, a été l’occasion de rappeler que l’économie circulaire constitue l’une des voies prioritaires choisies par le Luxembourg pour atteindre un modèle économique et social plus résilient et respectueux de l’environnement. Le passage d’une économie linéaire du « jetable » vers une économie plus durable s’accompagne en effet de nouveaux modèles de production et de consommation. Ces derniers sont générateurs de compétitivité, d’activités novatrices et d’emplois et permettent de répondre aux défis colossaux que constituent par exemple le réchauffement climatique, l’empreinte environnementale de certains processus économiques ou encore la montée des risques systémiques.
La conférence s’est ensuite poursuivie par la présentation des faits saillants de l’Actualité & tendances n°26 « L’économie circulaire au Luxembourg : passer de la théorie à la pratique » par Hoai Thu Nguyen Doan, senior economist au sein des Affaires Economiques. La publication, focalisée sur l’aspect pratique, s’inscrit dans la continuité de la stratégie nationale pour une économie circulaire en ce qu’elle vise à « démystifier » l’économie circulaire et à en extraire les principes, souvent encore perçus à tort comme trop académiques, pour en tirer des applications concrètes pour les entreprises et les aider à en saisir les opportunités. Le document fait la synthèse des différentes façons de mettre en œuvre les principes d’économie circulaire, ainsi que les bénéfices qui en découlent. Il propose une analyse des forces et faiblesses du Luxembourg quant au déploiement de l’économie circulaire, et contient une série de fiches descriptives présentant des initiatives circulaires luxembourgeoises issues de structures diverses dans 14 secteurs différents.
Une vidéo récapitulant les résultats du sondage national réalisé par la Chambre de Commerce sur l’économie circulaire (Baromètre de l’économie, édition S2-2021[1]) a ensuite été diffusée.
Résultats du sondage national réalisé par la Chambre de Commerce sur l’économie circulaire (Baromètre de l’économie, S2-2021) from Luxembourg Chamber of Commerce on Vimeo.
Hoai Thu Nguyen Doan a alors convié plusieurs experts à venir partager leurs expériences sur l’économie circulaire, sa mise en place concrète, son utilité ainsi que ses défis et les solutions pour y répondre : Anne-Marie Loesch (head of business development & CSR de la Chambre de Commerce), Jérôme Petry (Chef de projet et responsable économie circulaire du ministère de l’Economie, DG Industrie, Nouvelles technologie et Recherche), François Hanus (head of Steligence Engineering d’ArcelorMittal) et Julie Conrad (Designer, directrice artistique et gérante de chez Julie Conrad Design Studio et lauréate du concours « Circular Design Challenge 2021 » de Luxinnovation).
En guise d’introduction, la Senior Economist de la Chambre de Commerce a invité les panélistes à réagir aux résultats du Baromètre de l’économie. Il y est notamment constaté que la mise en place de pratiques circulaires est en premier lieu motivée par la recherche de la performance et de la rentabilité. L’enquête constitue par ailleurs un outil opportun pour identifier les défis devant être pris en compte par la « main publique » pour guider la transition du Luxembourg vers un modèle plus durable. Les entreprises ont notamment insisté sur le besoin d’un accompagnement pour ce changement.
François Hanus fait partie de l’équipe d’ingénieurs de l’unité « Steligence », chez ArcelorMittal, spécialisée dans les solutions circulaires pour la construction. La multinationale qu’il représente s’est lancée dans l’économie circulaire en raison des propriétés avantageuses de l’acier (réutilisable à 99%), des bénéfices du modèle de la location par rapport à celui de la vente, mais aussi pour répondre à l’évolution d’une demande de plus en plus regardante quant aux externalités environnementales. Cette prise de conscience collective sur les impacts écologiques est aussi la raison pour laquelle Julie Conrad, à la tête d’une entreprise de taille plus modeste de 3 employés a basé son modèle d’affaires sur l’éco-conception. Les deux panélistes ont affirmé avoir eu des retours positifs de leurs clients par rapport à leur offre circulaire et ont suggérés quelques pistes pour faciliter la conversion des entreprises à un modèle plus durable (ex : généralisation de l’analyse du cycle de vie des produits et des écolabels).
Du côté des organisations, Jérôme Petry a parlé de la stratégie nationale pour une économie circulaire et a affirmé le potentiel du Luxembourg en tant que pôle d’expertise mondial. A l’appui, il a cité le projet « Product Circularity Data Sheet », une initiative circulaire luxembourgeoise qui bénéficie d’un rayonnement international via l’acquisition d’une norme ISO. En réponse à l’enquête qui a révélé un besoin d’aides financières, d’accompagnement et de formation pour les entreprises, le représentant du ministère de l’Economie a affirmé que mise à part un « top-up » de 15% sur le programme « Neistart », les projets d’économie circulaire ne bénéficient pas pour le moment de régimes dédiés et sont donc inclus dans les aides plus généralistes comme celles pour l’environnement, la RDI ou les PME. Il a ensuite évoqué le « Circular Innovation Hub[2] » de la ville de Wiltz qui est une plate-forme nationale visant à faciliter et promouvoir l’échange des connaissances et expériences autour de la thématique de l’économie circulaire.
Selon Anne-Marie Loesch, la Chambre de Commerce a mis en place toute une panoplie d’initiatives qu’elle enrichit en fonction des retours opérationnels, afin d’accompagner ses membres dans la transition circulaire. Elle a notamment mis en place un groupe de travail dédié au développement durable (GTDD), où les divers acteurs et experts de la place luxembourgeoise joignent leurs efforts pour développer des projets sur le thème de la résilience et combler les besoins des entreprises en termes d’outils et initiatives. Le GTDD est notamment à l’origine des « Luxembourg Sustainable Business Principles »[3]). La responsable business development & CSR a précisé que la Chambre de Commerce offre tout un éventail de services pour soutenir les entreprises dans son rôle de fédérateur et de facilitateur et qu’elle ne fait par conséquent aucunement concurrence à ses membres.
Selon le sondage du Baromètre de l’économie du second semestre 2021, 50% des entreprises luxembourgeoises ne sont pas encore convaincues par la nécessité de quitter leur modèle économique linéaire, ce pourquoi Anne-Marie Loesch et Jérôme Petry ont conjointement insisté sur la nécessité de sensibilisation. Cette dernière a d’ailleurs déjà débuté, que cela soit au niveau des Ministères (site internet dédié, newsletter…) ou de la Chambre de Commerce (sessions d’échanges de bonnes pratiques, développement de nouveaux formats et formations adaptables aux profils des entreprises…)
La table ronde s’est ensuite terminée sur une session de Q&A avec un public éclectique qui a montré un intérêt prometteur pour la suite de la transition circulaire au Luxembourg.