Les fondations du groupe Giorgetti reposent sur une première entreprise de construction fondée par les cousins Giorgetti arrivés au Luxembourg au XIXe siècle. En 1986, Paul et Marc Giorgetti reprennent les rênes de la société et poursuivent une vision avant-gardiste de son développement en élargissant le portefeuille de services, en capitalisant sur les opportunités et sur une diversification stratégique verticale et horizontale. Dès lors, l’entreprise compte de multiples branches et, au-delà de la construction, elle intervient dans la gestion des investissements, l'hôtellerie, les opérations et l'industrie navale. Reconnue pour son expertise, son esprit d'innovation et son engagement en faveur de l'excellence, la société est à l’origine de réalisations marquantes qui ont façonné le paysage luxembourgeois. Le groupe s'appuie sur des valeurs familiales fortes, favorisant un environnement de travail dynamique et digne de confiance qui se traduit par un taux de satisfaction élevé et un faible taux de rotation du personnel. Comptant plus de 3.000 collaborateurs répartis dans des filiales internationales, il puise les clés de son succès dans une approche de service global, couvrant le développement de projets, la gestion, la conception, les processus de construction et la livraison clé en main. Le groupe Giorgetti est actuellement la plus grande entreprise familiale de construction et de développement immobilier du Luxembourg.
Entretien avec Marc Giorgetti, co-gérant de Félix Giorgetti SàrL et du groupe Giorgetti.
(Visite du 08 novembre 2024).
Votre plus grande réussite ?
Pour mon frère et moi, c’est de voir nos enfants s’investir dans la société avec courage et enthousiasme et apporter leurs visions pour l’avenir.
Un échec marquant ?
C’est une question de philosophie et de résilience, cela dépend de la situation et du point de vue. Personnellement, je crois que chaque crise – et nous en avons traversées quelques-unes – peut se transformer en une opportunité, il faut simplement savoir la saisir.
Des projets à venir ?
Mes projets concernent toujours l’avenir de l’entreprise, avec une implication particulière dans le développement de notre nouvelle branche d’activité : l’Hospitality. Celle-ci constitue notamment le point de départ de GridX, notre projet en construction à Wickrange, le long de l’autoroute A4. Ce centre de plus de 42.000m2 ouvrira ses portes à l’été 2025 regroupera sous un même toit de multiples univers qui se côtoieront, se connecteront et s’enrichiront pour créer de nouvelles expériences. Notre ambition est qu’il devienne le premier lieu de vie all-in-one en Europe : une destination multi-expériences qui se nourrit de savoir-faire artisanaux, d’excellence automobile et de technologies, un espace où se rencontrent découvertes, passions et émotions.
Pour les passionnés d’automobile, il réunira des concessions automobiles, des artisans et des commerces en lien avec cette industrie. Un espace d’exposition rassemblera les plus belles voitures de la collection de MAUTO, le Museo Nazionale dell’Automobile (Turin, Italie) qui est considéré comme l’un des musées scientifiques et techniques les plus célèbres du monde. Les mobilités douces, d’aujourd’hui et de demain, seront aussi mises en lumière.
Sur plus de 7.000m2, GRIDX proposera également un espace shopping réinventé grâce à des concepts interactifs, des environnements immersifs et des activités divertissantes pour tisser des liens nouveaux entre les marques et les visiteurs.
Par ailleurs, le projet inclura un espace retail de plus de 7 000 m², réinventé grâce à des concepts interactifs, des environnements immersifs et des activités ludiques, favorisant de nouvelles interactions entre les marques et les visiteurs. Un food hall de 2 500 m², composé de 13 stands aux multiples cuisines, un coffee corner, un bar central et un stand pop-up, viendra compléter cette offre. Enfin, le complexe intégrera également un musée numérique inédit au Luxembourg, un espace événementiel, un hôtel de 133 chambres, un centre d’affaires, des bureaux ainsi qu’un centre de fitness, constituant ainsi une destination globale et innovante.
Enfin, parallèlement, je continue de m’investir dans ma passion : la voile. Il y a 15 ans, j’ai acquis une participation dans la société Solaris Yachts, un fabricant de voiliers haut de gamme. À l’époque, elle fabriquait seulement 4 ou 5 bateaux par an. Depuis mon arrivée, nous avons considérablement augmenté la production annuelle, qui atteint désormais 120 bateaux. Grâce à des partenariats stratégiques, nous sommes devenus un acteur incontournable dans le monde des passionnés de voile. Cette année, nous avons fêté les 50 ans de Solaris, à Porto Rotondo en Italie. L’événement a rassemblé 103 yachts et plus de 1.000 « Solaristi », ce qui en a fait la plus grande régate mono-marque du monde.
Selon vous qu’est-ce qui vous différencie de la concurrence ?
La force de notre entreprise et du groupe, ce sont les personnes !
Notre groupe est porté par des valeurs fortes : autonomie, engagement et famille. Nous avons une équipe en qui nous avons entièrement confiance, des personnes qui s’impliquent et toujours à l’origine de nouvelles solutions. Nous avons très peu de rotation de personnel, chaque année environ 40 personnes reçoivent une montre en reconnaissance de leurs fidèles services et environ 60 personnes travaillent chez nous en deuxième génération.
Nous avons aussi opté pour la diversification et la maîtrise in-house. Les activités des sociétés du groupe sont très complémentaires. De plus, au sein de chaque société, nous veillons à ce que notre personnel réalise un maximum de tâches.
Cette organisation nous apporte une grande flexibilité et réactivité. Nous pouvons ainsi répondre rapidement aux demandes de nos clients, tout en respectant les délais et les budgets. Par exemple, pour tout ce qui concerne l’immobilier, nous assurons la construction des maisons que nous commercialisons, maîtrisant ainsi l’ensemble de la chaîne de production.
Un autre atout de notre entreprise familiale est que l’argent n’est pas redistribué sous forme de dividendes en fin d’année. Il est intégralement réinvesti dans le développement, pour moderniser les équipements, les machines et les outils.
Aujourd’hui, notre entreprise a largement dépassé ce que les autres entreprises de construction et d'immobilier offrent habituellement à leurs clients.
Votre vision de l’entrepreneuriat ?
Mon père était un modèle pour mon frère et moi. Il nous a appris que rien n’est jamais acquis, et qu’il faut toujours faire preuve d’ingéniosité pour trouver des solutions aux problèmes. Il nous a aussi transmis des valeurs fortes, telles que l’intégrité et le respect. Nous essayons toujours de prendre les bonnes décisions pour le bien-être de l’entreprise et de ses salariés, comme mon père l’a fait dans les années 1970, en pleine crise pétrolière, lorsqu’il a construit sur ses propres fonds des maisons à Mamer afin de préserver l’emploi de ses salariés plutôt que de les licencier ! Lorsque la première maison a été vendue, il est rentré fou de joie à la maison !
Un conseil à donner à un entrepreneur en herbe ?
Entourez-vous de personnes fiables, faites-leur confiance et donnez-leur la liberté de gérer leurs projets en toute autonomie. Ayez aussi confiance en vous, car tout n’est pas toujours facile. Croyez en vos idées, ayez le courage de prendre les décisions nécessaires. N’hésitez pas à demander de l’aide, également aux plus anciens car ils ont beaucoup d’expérience et peuvent parfois apporter les bonnes solutions aux problèmes. N’abandonnez pas au premier échec, mais réinventez-vous sans cesse et persévérez.
Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement ?
Actuellement, le marché de l’immobilier tourne au ralenti au Luxembourg. Même si le pays manque de logements, le besoin est là. Or, nous ne pouvons pas construire car les taux des crédits restent trop élevés pour les particuliers et ils ne peuvent plus financer l’achat de leur bien.
Certes, les mesures d’aides du gouvernement sont un bon début, nous ressentons un léger frémissement sur le marché de l’immobilier, mais il faudra encore plusieurs mois pour surmonter la crise : les prix des matières premières restent élevés, les normes environnementales imposées sur certains matériaux et l’obligation de qualité ne peuvent pas être répercutées sur les prix de vente des biens. Les nouveaux projets se font de plus en plus rares et il y a de plus en plus de concurrence.
Photos : Laurent Antonelli / Agence Blitz (photos 01, 04, 05, 06), Schmitt (photos 02 / 07) et Félix Giorgetti S.à r.l. (03, 08, 09)