World Economic Forum - « Global Competitiveness Report (GCR) » 2019-2020
Economie particulièrement ouverte sur le monde et située au cœur des marchés libres européens (personnes, biens, services et capitaux), le Luxembourg se positionne, en cette année 2019, à la 18ème place du classement mondial de compétitivité du World Economic Forum (WEF). Il gagne ainsi une place par rapport à l'édition précédente, conservant globalement les points faibles et surtout les points forts qui en font une des économies les plus productives au monde. Parmi ses atouts se trouve la forte présence d'une main-d'œuvre étrangère, souvent qualifiée, voire très qualifiée, qui représente 73% du marché du travail et place le Luxembourg, selon les dirigeants d'entreprises, comme un des pays où la main-d'œuvre est la plus compétente. Les talents internationaux sont ainsi parmi les moteurs d'une place financière compétitive à l'international, d'une culture entrepreneuriale bien présente et d'un écosystème d'innovation en progrès.
Le rapport " The Global Competitiveness Report 2019-2020 " (GCR) met cette année l'accent sur la difficile union, mais non moins possible et nécessaire, entre croissance, inclusivité et durabilité. Si le classement du GCR est dominé par Singapour (1er), les Etats-Unis (2ème) et Hong Kong (3ème), c'est davantage vers les pays du nord de l'Europe, Suède, Danemark et Finlande notamment, qu'il faut se tourner pour trouver les exemples de politiques visionnaires à même de concilier ces trois objectifs. Ces pays sont aujourd'hui plus innovants que le Luxembourg et ont su adopter plus rapidement les nouvelles technologies. Le Danemark a par ailleurs défini un cadre du marché du travail bien plus flexible.
Le classement du WEF mesure la compétitivité à partir d'indicateurs statistiques publics des Etats participants et des institutions internationales, et des résultats de l'" Executive Opinion Survey ", une enquête menée, au Luxembourg, sous l'égide de la Chambre de Commerce, entre février et avril 2019 auprès des décideurs économiques et des dirigeants d'entreprises. |
Penser loin, agir vite, pour unir les notions de croissance, d'inclusivité et de durabilité
Dans un contexte d'incertitude pour l'économie mondiale, le GCR est une boussole de la compétitivité à long terme pour les différents pays. Cette boussole révèle les atouts, faiblesses et points d'amélioration des économies, pour devenir être davantage compétitive et par la même favoriser la croissance économique, un impératif pour l'amélioration du niveau de vie des populations.
Au niveau mondial, il apparait que les économies sont mal préparées à une future potentielle récession après une décennie perdue à ne pas mettre en œuvre les mesures adéquates d'amélioration de la productivité. C'est ainsi que les décideurs doivent se tourner vers de nouvelles politiques, hors politiques monétaires, des investissements et des incitations pour relancer la croissance de la productivité selon l'analyse du WEF. Les politiques budgétaires devraient ainsi avoir pour objectif de stimuler les investissements dans les infrastructures, le capital humain et la R&D, susceptibles d'accroître la productivité et de replacer les économies sur une trajectoire de croissance supérieure. Ces politiques budgétaires devraient être complétées par des réformes structurelles facilitant l'innovation et permettant aux entreprises responsables et inclusives de se développer.
Une économie peut être en croissance, inclusive et durable sur le plan environnemental, même si peu d'économies suivent aujourd'hui cette trajectoire. Les compromis perçus entre les facteurs économiques, sociaux et environnementaux peuvent émerger d'une vision à court terme de la croissance. Ils peuvent être atténués en adoptant une approche globale et à plus long terme de la croissance. L'un des grands défis pour les années à venir sera de trouver le bon équilibre entre l'intégration technologique et les investissements en capital humain. Cet équilibre aura un impact important sur l'évolution de la productivité et de la créativité, l'adoption des nouvelles technologies et le développement des innovations, des éléments qui devront être des priorités pour les gouvernements et les entreprises. En effet, faire de la technologie et de l'innovation des éléments de l'ADN d'une économie est un défi qui comprend au moins deux changements majeurs. En premier lieu, les gouvernements doivent mieux comprendre et anticiper les effets de la technologie non seulement sur l'économie, mais aussi sur les individus et sur la société. Deuxièmement, les pays doivent améliorer l'adaptabilité des talents, c'est-à-dire permettre à la population active de contribuer au processus de destruction créatrice et de faire face à ses perturbations.
La gestion de la croissance, défi additionnel du Luxembourg
Le classement du WEF indique que les institutions luxembourgeoises vont dans le sens d'un environnement favorable à la compétitivité. Les dirigeants d'entreprises considèrent ainsi que le secteur public est performant, transparent et, dans l'ensemble, tourné vers l'avenir. La performance de l'administration est davantage remise en cause en ce qui concerne l'entrepreneuriat, avec par exemple une loi sur les faillites peu efficiente. Le Luxembourg fait par ailleurs partie des pays solides au niveau macroéconomique. Il dispose d'infrastructures modernes, notamment sur le plan énergétique et environnemental, mais est mal classé sur certains indicateurs liés aux transports. L'efficacité de ces infrastructures est un défi important en raison de la forte croissance démographique au Luxembourg, ceci dans le contexte ambitieux de la stratégie " Troisième Révolution Industrielle ".
Les résultats du Luxembourg ont tendance à s'améliorer dans le domaine des compétences et, par conséquent, sur l'aspect capital humain. Cet aspect est de plus en plus important au moment où les changements de modes de production et de consommation s'accélèrent sous l'impulsion de la digitalisation. Les dirigeants d'entreprises valorisent les compétences de la main-d'œuvre et du système de formation. Si les talents internationaux sont aujourd'hui une grande force de l'économie luxembourgeoise, les difficultés à répondre aux besoins croissants de main-d'œuvre pour les entreprises, par la formation ou l'attraction de nouveaux talents, tendent à s'aggraver année après année.
Parallèlement, le Luxembourg montre globalement de bonnes performances sur les différents marchés (biens et services, travail, secteur financier). L'adaptabilité des talents aux changements du monde économique exige un marché du travail qui fonctionne bien. Le marché du travail luxembourgeois se révèle paradoxal, entre efficience dans certains domaines, notamment le cadre administratif pour recruter à l'étranger, et rigidité sur la question des salaires. Ouvert sur le monde et favorisant dans l'ensemble les échanges de biens, de services et financiers, le cadre réglementaire luxembourgeois souffre encore d'une trop forte complexité de ses tarifs douaniers.
La diversité de la main-d'œuvre, aussi bien dans la recherche publique qu'au sein du secteur privé, et les partenariats internationaux sont aussi des atouts de l'écosystème innovant du Luxembourg. Vecteur essentiel de l'évolution de la productivité, l'innovation nationale repose encore fortement sur les dépôts de brevets. Les indicateurs de recherche progressent lentement, tandis que les dépenses de recherche et développement en pourcentage du PIB ne positionnent pas le Luxembourg parmi les économies les plus orientées vers l'innovation.
Les indicateurs internationaux et les dirigeants d'entreprises ont tendance à louer le niveau de développement de certains déterminants de la compétitivité au Luxembourg : stabilité et transparence des politiques publiques, orientation vers l'avenir, qualité des infrastructures, main-d'œuvre actuellement présente. Alors que le double enjeu des économies pour les années à venir est de réussir la transition technologique de l'économie et de la société en général, et d'accomplir l'union de la croissance économique, de l'inclusivité sociale et de la durabilité environnementale, le Luxembourg doit surmonter un troisième défi, celui de la gestion de sa croissance. Les difficultés liées à ce défi sont déjà bien visibles, que ce soit pour les infrastructures de transports ou le recrutement de nouveaux talents. Gérer la croissance est pourtant un incontournable, car sans croissance, il ne saurait y avoir de transition technologique réussie au Luxembourg et encore moins d'amélioration du niveau de vie de la population.?
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