Transformation digitale : petit bug dans l’écosystème luxembourgeois ?

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IMD World Digital Competitiveness Ranking 2020

L’International Institute for Management Development (IMD) publie la 4ème édition du World Digital Competitiveness Ranking, faisant suite au classement mondial de la compétitivité publié en juin dernier (voir article et communiqué de la Chambre de Commerce). En 2020, le Luxembourg se positionne à la 28e place, reculant de 7 places par rapport à l’an dernier. Ce classement vise à évaluer la capacité de 63 pays à faire usage des outils digitaux selon 52 indicateurs répartis en trois piliers : « Knowledge » (incluant les compétences digitales, la formation et l’éducation, ainsi que la R&D), « Technology » (analysant le cadre réglementaire, les investissements et les infrastructures technologiques) et « Future readiness » (comprenant la capacité d’adaptation, l’agilité des entreprises et l’intégration IT).

Pour le pilier « Knowledge », la détérioration du classement du Luxembourg initiée en 2018 se poursuit. A l’exception des sous-facteurs « Training & education » et « Scientific concentration », l’ensemble des sous-indicateurs sont à la baisse. La détérioration par rapport à l’année dernière est plus marquée pour le pilier « Technology » (perte de 5 places) et davantage encore pour le pilier « Future readiness », le Grand-Duché passant de la 17e place en 2019 à la 27e place cette année, soit un recul de 10 places. Dans ce dernier pilier, le classement de cette année introduit une nouvelle variable relative à l’agilité des entreprises, à savoir la peur de l’échec des entrepreneurs, pour laquelle le Luxembourg se classe 39e.

Comme pour les années 2018 et 2019, le classement global est dominé par les Etats-Unis et Singapour. Au niveau européen, le top 5 comprend le Danemark (3e), la Suède (4e), la Suisse (6e), les Pays-Bas (7e) et la Norvège (9e). Alors que le Grand-Duché se plaçait à la 11e place parmi les pays européen en 2019, il recule à la 15e place en 2020, entre la Belgique (14e) et la Lituanie (16e).

Le Danemark et la Suède se distinguent par leur capacité à intégrer le digital dans leurs systèmes respectifs d’acquisition des connaissances, au service de leurs entreprises (plus de productivité) et de leurs citoyens (davantage d’efficacité). Les grands atouts du Luxembourg sont principalement technologiques. Ils comprennent la notation de crédit « AAA » (1er), la capitalisation boursière dans les secteurs des nouvelles technologies et des médias (3e) et la législation sur l’immigration (3e). En revanche, le pays dispose encore d’une marge de progression non négligeable pour ce qui est des exportations des produits de haute technologie (49e), des abonnés aux données mobiles (55e) et des investissements de télécommunication (60e). Sur le volet connaissance, pour lequel est observé un recul constant depuis 2018, la main-d’œuvre internationale qualifiée (4e) constitue indéniablement un point fort du Luxembourg. Le constat est toutefois préoccupant concernant le nombre de diplômés dans les matières scientifiques (56e), le volume net des étudiants étrangers (60e) et la productivité R&D par publication (62e). La petite taille du pays et la relative jeunesse de son Université, fondée en 2003, par rapport aux autres pays inclus dans le classement expliquent en partie ces résultats. Dans ce contexte, la mise en place d’un cercle vertueux allant de la promotion de la culture scientifique au développement des entreprises innovantes, en passant par le soutien à la recherche et le développement de l’enseignement supérieur scientifique pourrait constituer un début de réponse. Concernant la capacité à anticiper les évolutions digitales, le Luxembourg a su réagir efficacement aux attaques informatiques, se positionnant 4e sur le nombre de logiciels piratés, 11e en matière de cybersécurité et 19e sur la capacité des entreprises à faire face aux opportunités et menaces.   

Les experts de l’institut IMD relèvent trois tendances en 2020 au sein des pays en tête de classement, à savoir la prévalence de la formation digitale afin de constituer un « pool » de talents, l’importance de disposer d’un cadre réglementaire propice au développement des nouvelles technologies et la capacité à combiner adaptabilité individuelle et agilité des entreprises. Si le Luxembourg peut compter sur une ambition forte de se positionner à la pointe de la transformation digitale, les enjeux majeurs porteront sur sa capacité à améliorer la qualité de ses infrastructures de télécommunication, à accroître sa productivité R&D par publication et à intégrer la robotique dans son tissu industriel.

Lien vers l’IMD World Digital Competitiveness 2020 : https://www.imd.org/wcc/world-competitiveness-center/