Affaires Internationales
Ce mardi 5 octobre, l’Enterprise Europe Network de la Chambre de Commerce du Luxembourg et la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg ont promu un échange interactif entre la Commission européenne et les PME, grâce à un webinaire intitulé « Meet & Greet the European Institutions : tout sur la politique européenne des PME ». Grâce à l’accueil et l’accompagnement virtuel coordonné par Ewa Krzemien, Responsable du Visitors’ Centre de la Commission européenne et la diversité du panel des intervenants, le programme de la journée a été très riche et intense. Les sessions Q&A, qui ont à plusieurs reprises ponctué le webinaire, ont particulièrement favorisé le dialogue entre les membres des institutions européennes et les PME participantes.
Résumé des relations entre institutions européennes et PME
Les allocutions d’ouverture et de bienvenue ont immédiatement fait état des relations entre institutions européennes et PME. Ainsi, Anne Calteux, Représentante de la Commission européenne au Luxembourg, a mis en avant divers objectifs de la Commission, telle la lutte contre le réchauffement climatique et la transformation urbaine, qui touchent directement les PME. Elle a insisté à ce sujet sur le rôle primordial que jouent tous les acteurs industriels, y compris les PME, qui peuvent entrer dans le dialogue avec l’UE, à travers des plateformes, telle la conférence sur l’avenir de l’Europe. Sabrina Sagramola, Manager et Coordinateur National de l’Enterprise Europe Network au Luxembourg, a rejoint ce propos, en insistant sur les biens-faits d’une bottom-up approach, caractérisée notamment par des sessions interactives, qui permettent aux PME d’approcher les institutions européennes. Elle a insisté sur ce point, en soulignant que bien trop souvent les problèmes que rencontrent les entreprises ne sont pas tant liés à un disfonctionnement du marché intérieur, mais plutôt à un manque d’information palpable. Cela souligne l’importance de l’accès à l’information et au conseil pour les PME. C’est dans cet esprit que le rôle du réseau EEN consiste à accompagner les entreprises au quotidien pour accéder pleinement au marché intérieur. Elle a également noté que le terme « accélération » est souvent employé dans le contexte des startups, mais qu’il s’applique tout autant aux PME et donc il appartient aux acteurs et experts européens de les faire accélérer au sein du marché intérieur en les soutenant à profiter des opportunités offertes et à en exploiter le plein potentiel.
Des PME devant faire face à une panoplie de défis
Lors de son allocution d’ouverture, Christophe Hansen, Membre du Parlement européen pour le Luxembourg, a insisté sur les difficultés que rencontrent les PME, du fait des politiques vertes. Ainsi, il a expliqué les effets néfastes du ETS Carbon System pour les PME qui subissent des répercussions sur le coût de construction, du fait des hausses du prix des ressources premières. En ce sens, le « Due Diligence Act », qui devrait être promulgué prochainement, risque d’imposer un poids administratif et règlementaire lourd pour les PME, selon Christophe Hansen. Néanmoins, il a salué d’autres nouveautés, telle la plateforme « Access2Markets » avec le nouvel outil d’autoévaluation des règles d’origine ROSA qui facilite l’accès au marché intérieur des PME.
L’innovation au cœur des réflexions autour de la résilience des PME
Le webinaire s’est poursuivi avec l’illustration du travail de deux analystes/chercheurs, intervenus pour analyser la corrélation entre investissements dans l’innovation et relance économique. Anabela Marques Santo, Analyste de données économiques, a dressé le tableau des tendances actuelles pouvant être descellées. Elle a constaté que pendant la période 2009-2020, une entreprise investissant considérablement dans l’innovation pouvait espérer voir son chiffre d’affaires doubler. En comparaison, dans le contexte de la crise Covid-19, une entreprise innovante peut désormais atteindre un quadruplement de son chiffre d’affaires, grâce à des politiques d’innovation. Nonobstant ces statistiques, lors de la pandémie actuelle, les entreprises n’ont pas eu le réflexe de recourir à l’innovation. De plus, des changements ont pu être notés dans les stratégies d’innovation employées par les entreprises, forçant ces dernières à investir plutôt dans le domaine de l’organisation, des processus et du marketing, qui occasionnent moins de frais que le lancement d’un nouveau produit. Karel Haegemann, Scientific & Technical Support Officer, a insisté sur le fait que l’innovation permet non seulement de résoudre des crises économiques, mais aussi de répondre à d’autres défis, tel le changement climatique. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’ambition de l’UE de créer un environnement favorable à l’innovation. Ce projet se divise en trois temps forts : un court-terme (avec des offres de formation et des mesures d’incitations fiscales), un moyen-terme caractérisé par la participation d’entreprises à des projets européens, tel l’EIC - European Innovation Council et un long-terme fondé sur des nouveaux horizons dégagés par les politiques européennes. En mentionnant le nécessaire recours aux nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle, Karel Haegeman a amorcé la transition vers l’intervention de Carline Kaeb, Policy Officer, Digital Innovation and Blockchain. Son propos s’est concentré sur l’interconnexion entre la transition digitale et celle écologique. Elle a fait un point sur le rôle du secteur ICT dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi, elle a constaté qu’à défaut de réformes, le secteur ICT allait contribuer à 14% des émissions de carbone d’ici 2040. Cependant, l’utilisation de nouvelles technologies pourrait au contraire permettre au secteur ICT de réduire les émissions mondiales de 15%. Ce constat démontre le rôle central que joue le secteur informatique et les bienfaits de l’utilisation de technologies de pointe, telle la blockchain, selon Carline Kaeb. Elle a aussi souligné les évolutions positives, tant du côté de l’UE que de celui des entreprises. Elle a ainsi énuméré une longue liste d’initiatives, de conventions et de coalitions visant à réaliser la vision d’une « twin transition », comme annoncée par Ursula von der Leyen.
L’importance grandissante des réseaux de soutien et de conseil au bénéfice des PME
Maarit Nyman, Senior Expert & Deputy Head of Unit, DG Internal Market, Industry, Entrepreneurship and SMEs, a également souligné les défis auxquels font face les PME. Selon les chiffres de l’enquête réalisée par Eurobarometer en 2020, l’obstacle majeur que rencontrent les PME est celui administratif/règlementaire, plus important encore que l’accès au financement. Ce constat révèle l’importance de réseaux, tels l’Enterprise Europe Network et les SME Envoys, qui partagent des conseils primordiaux avec les PME. De nouveaux instruments sont venus également à l’aide des PME, telles la « Fit4Future Platform » et l’approche « One in One Out ». Maarit Nyman a en particulier fait état des conséquences de la pandémie pour les entreprises, en particulier la perte d’emplois, surtout dans l’industrie des services et de la consommation. Malgré le boost qu’ont connu les PME dans leur transition digitale, du fait de la crise sanitaire, les micro-entreprises demeurent en décalage par rapport aux big corporates. C’est pour cette raison que des digital innovation hubs ont été développés pour permettre aux PME industrielles de bénéficier de précieux conseils en digitalisation. Enfin, Maarit Nyman a aussi évoqué l’importance des plans nationaux de relance et de résilience économique pour favoriser la viabilité des PME.
Le plan de relance luxembourgeois, profondément ancré dans la vision d’une double transition
En ce qui concerne ces plans de relance nationaux, Agnés Thibault, Analyste de donnés économiques et financières auprès de la Commission européenne, a détaillé les mesures du plan de relance luxembourgeois et a résumé son évaluation par l’UE. Elle a rappelé que les plans nationaux de relance étaient soumis à une double condition, à savoir, des garanties en matière de réformes structurelles, visant à rendre les économies plus résilientes et viables, et des objectifs pour parvenir à la double transition. Selon Agnés Thibault, le plan luxembourgeois se distingue de celui d’autres Etats membres par la rapidité de son élaboration et de par sa bonne notation. Notamment, les fortes composantes vertes (61%) et numériques (32%), toutes les deux largement au-dessus des exigences règlementaires, sont de véritables atouts de ce plan. Agnès Thibault a également mentionné que le plan présenté témoigne d’un progrès considérable en matière de la situation du logement au Luxembourg, de la santé et de la lutte contre le blanchiment des capitaux. Lors de la session Q&A, Agnès Thibault a rappelé que les fonds octroyés au Luxembourg ne seront pas directement déversés aux entreprises, mais seront répartis par les Etats membres aux PME bénéficiaires.
Clôture du webinaire
Le webinaire s’est clôturé par une ultime session Q&A, permettant l’échange entre PME et représentants des institutions européennes. Certaines PME ont ainsi pu être redirigées vers le service EEN de la Chambre de Commerce ou vers d’autres contacts à l’échelle européenne.