Dans un contexte de pénurie structurelle de talents, l'étude de Randstad souligne comment les inégalités en matière d'IA risquent d'aggraver les choses.
Alors que 75% des entreprises adoptent l'IA, seuls 35% des talents ont reçu une formation à l'IA au cours de l'année écoulée.
71 % des travailleurs qualifiés en IA sont des hommes et seulement 29 % des femmes, soit un écart de 42 points entre les sexes.
Seul un baby-boomer sur cinq s'est vu proposer des opportunités de formations en IA, contre près de la moitié des travailleurs de la génération Z.
Alors que la demande de talents dotés de compétences en IA grimpe en flèche et a été multipliée par cinq au cours de l'année dernière, le dernier rapport de Randstad, « Understanding Talent Scarcity : AI and Equity » (Comprendre la pénurie de talents : IA et équité), a révélé qu'il existe un déficit de compétences en matière d'IA. Les données recueillies proviennent de près de trois millions de répondants de profils divers et de l'expérience de plus de 12 000 talents à travers le monde.
Les données mettent en évidence une fracture marquée dans l'accès à la formation et aux opportunités en matière d'IA : beaucoup plus d'hommes que de femmes déclarent maîtriser l'IA, et seulement 22% des baby-boomers et 28% de la génération X se sont vu offrir des opportunités de développer des compétences en IA, contre 45% de la génération Z et 43% des milléniaux.
Toutefois, comme les jeunes talents acquièrent des compétences en IA à un rythme sans précédent (croissance de 292 % contre une moyenne de 110 %), on observe également les premiers signes d'une réduction de l'écart entre les hommes et les femmes. Les femmes qui travaillent depuis une trentaine d'années ne représentent que 21 % des talents ayant des compétences en IA, mais si l'on considère celles qui ont moins d'un an d'expérience, ce chiffre passe à 34 %.
Sander van't Noordende, CEO de Randstad, a commenté : « La pénurie de talents est un défi mondial important, et l'accès équitable aux compétences, aux ressources et aux opportunités doit donc être une partie fondamentale de la réponse à ce problème. Cependant, en ce qui concerne l'IA, la demande continue de croître à un rythme sans précédent, tout comme le fossé qu'elle crée en matière d'équité. Si nous ne reconnaissons pas cet état de fait et ne prenons pas des mesures actives pour y remédier, le vivier de travailleurs préparés à l'avenir du travail sera trop restreint, ce qui créera des pénuries encore plus importantes dans tous les secteurs d'activité. »
Combler le fossé entre les hommes et les femmes dans le domaine de l'IA.
Il existe des lacunes évidentes en matière d'équité entre les sexes en ce qui concerne les possibilités d'utilisation de l'IA au travail. Un peu plus d'un tiers des femmes se sont vues proposer par leur employeur l'accès à l'IA dans le cadre de leurs fonctions (35 %), contre deux cinquièmes des hommes (41 %), et les hommes sont 10 % plus susceptibles que les femmes d'utiliser l'IA pour résoudre des problèmes dans le cadre de leur travail.
En termes de compétences en matière d'IA, les femmes sont non seulement 5 % moins susceptibles de se voir offrir des possibilités de formation, mais elles sont également moins confiantes (30 %) que les hommes (35 %) dans le fait que la formation qu'elles ont reçue les a adéquatement préparées à utiliser la technologie dans leur carrière.
Cela indique qu'une divergence se dessine entre les hommes et les femmes; les hommes étant plus susceptibles d'être en mesure de tirer parti de l'augmentation de la demande de fonctions liées à l'IA sur le marché du travail mondial d'aujourd'hui. On peut déjà le constater dans des domaines techniques avancés, où 76 % du vivier de talents est constitué d'hommes.
Les travailleurs plus âgés sont deux fois moins susceptibles d’être formés dans le domaine de l’IA.
Le rapport met également en évidence un fossé générationnel important dans l'adoption de l'IA. Alors que les jeunes travailleurs adoptent rapidement l'IA dans leurs fonctions, les babyboomers sont nettement à la traîne. Moins d'un baby-boomer sur trois (31 %) utilise actuellement l'IA, alors que près de la moitié (48 %) de la génération Z exploite cette technologie, ce qui pourrait accroître leur productivité et les positionner plus favorablement pour des postes axés sur l'IA.
Ce fossé générationnel se manifeste également dans la mobilité professionnelle. Les jeunes talents dotés de compétences en IA, en particulier ceux qui ont entre 1 et 5 ans d'expérience, ont déclaré un taux de changement d'emploi de 33 % l'année dernière, ce qui reflète une forte demande et une plus grande mobilité sur le marché de l'emploi. En revanche, les babyboomers, ainsi que de nombreux travailleurs de la génération X (19 %) et milléniaux (25 %), restent plus statiques dans leur carrière, ce qui augmente le risque d'être laissé pour compte à mesure que la maîtrise de l'IA devient plus recherchée.
Quelles mesures pour combler le déficit de compétences en IA et lutter contre la pénurie de talents ?
Pour combler le déficit croissant de compétences en IA et s'assurer que toutes les catégories démographiques peuvent contribuer à une productivité accrue dans la lutte contre la pénurie de talents, le rapport de Randstad fournit des recommandations clés aux organisations pour promouvoir une adoption équitable de l'IA.
- Repenser la formation : les entreprises doivent adopter des approches plus rapides et plus inclusives pour s'assurer que tous les groupes démographiques puissent suivre l'évolution rapide des technologies de l'IA.
- Explorer les possibilités et les limites : il est essentiel que les entreprises évaluent de manière critique le potentiel et les limites de l'IA, en s'attaquant aux préjugés et en veillant à ce que les talents soient bien préparés à l'utilisation efficace de la technologie.
- Adopter une approche personnalisée : les employeurs doivent comprendre les obstacles auxquels les différents groupes sont confrontés dans l'adoption de l'IA et adapter les formations pour répondre à ces divers besoins.
- Favoriser la collaboration : les partenariats entre les entreprises, les organismes de formation et les autres organisations sont essentiels pour combler les écarts de compétences en matière d'IA et garantir l'équité à long terme entre tous les groupes démographiques.