Actualité & tendances N°18 : « Digital Transformation in business and society »

Parution

de gauche à droite: Marc Wagener, Directeur Affaires économiques, Carlo Thelen, Directeur général et Chef économiste de la Chambre de Commerce et Jérôme Merker, Economiste

La nouvelle publication de la série « Actualité & tendances » de la Chambre de Commerce est consacrée à la transformation digitale ; un thème qui représente un enjeu majeur pour toutes les entreprises, PME ou grande entreprise, start-up ou société traditionnelle. La numérisation s'est aujourd'hui imposée comme un « must have » en raison des nombreux bénéfices liés à sa mise en œuvre et constitue même, pour certaines entreprises, une composante-clé de leur survie. La numérisation, la disruption de modèles d’affaires et la vitesse du changement constituent par ailleurs d’immenses défis pour les entreprises. Afin de mieux appréhender les tenants et aboutissants de cette mutation, la Chambre de Commerce consacre donc son nouveau bulletin « Actualité & tendances » à la thématique de la transformation digitale de l’entreprise et de la société. L’objectif de l’analyse consiste à dénicher les grandes tendances en la matière et à dresser un état de lieu de la situation du Luxembourg face aux technologies émergentes et aux nouveaux modèles disruptifs.

A travers cette publication, la Chambre de Commerce s'engage dans un sujet d'une importance majeure et vise à sensibiliser les acteurs de l'économie et de la société au sujet des grandes tendances numériques. En raison de son économie ouverte orientée vers l’international et en vue du développement foudroyant des nouvelles technologies, la transformation numérique va se produire - avec ou sans le Luxembourg - et ceci avec toutes les conséquences et changements qui l’accompagnent. A ce titre, le Luxembourg n'a pas d'autre choix que de devenir un facilitateur et un créateur de numérique de classe mondiale. Cela nécessite, entre autres, que le rôle du secteur des TIC soit renforcé, mais que ce dernier joue également son rôle en tant que partenaire et catalyseur de la transformation numérique pour l’ensemble de l’économie. En même temps, il sera essentiel de développer des stratégies et réglementations innovantes sans tomber dans le piège d’étouffer l'innovation à travers une sur-réglementation et une régulation excessive. Il faudra s’assurer que les divers acteurs socio-économiques puissent prendre conscience des technologies et modèles disruptifs afin de s’y adapter et de les intégrer dans les modèles d’affaires de manière à transformer les menaces perçues en opportunités réelles.

L'essence de la transformation numérique
Dans son essence, la transformation numérique peut être décrite comme la confluence de trois facteurs: la numérisation ce qui signifie que de plus en plus d’« objets » sont dématérialisés et transformés en données ; la connectivité qui se traduit par l’interconnexion croissante entre les « objets » et les humains; et l'automatisation des échanges entre les « objets » et les systèmes connectés. Les chiffres qui accompagnent cette évolution sont étonnants. Chaque année, la quantité de données produites et partagées double. En cinq ans, l'internet des objets contribuera à hauteur de près de 2.000 milliards de dollars à la création de valeur économique dans le monde, soit l’équivalent du PIB italien.

Les technologies et concepts phares de la transformation numérique
Les concepts technologiques émergeants dans le monde numérique sont souvent une combinaison de différents éléments existants, souvent liés entre eux. Certaines des technologies et des concepts clefs présentés dans le document donnent un aperçu des technologies les plus prometteuses.

Par exemple, le terme « Smart » est aujourd'hui un mot à la mode, souvent utilisé dans le contexte de la transformation numérique. Que ce soient avec les « Smart Cities », les « Smart Factories » ou encore les « Smart grids », la transformation numérique peut nous aider à devenir plus efficaces, rationnels, intelligents et autonomes dans tous les domaines ; avec des gains de productivité à la clef. L’une des technologies phares est l’Internet des objets (IdO) dans laquelle toutes sortes d'objets peuvent communiquer entre eux grâce à des capteurs et des puces. Le concept de « Big Data » est étroitement lié à l’IdO. Des volumes importants de données structurées, semi-structurées ou non structurées, issus de ces objets connectés, constitueront à l’avenir une source d'information précieuse pour les prises de décision à tous les niveaux. De plus, l'intelligence artificielle, la montée en puissance des algorithmes, l'automatisation des machines et les robots affichent à un rythme élevé des progrès technologiques importants.

Il sera essentiel d’appréhender comment les développements technologiques actuels peuvent conditionner le comportement humain, la gestion des entreprises, voire la gouvernance des entités tant privées que publiques. De plus en plus de produits, services ou procédés qui ont été produits physiquement sont sur le point d’être dématérialisés, ou l’ont déjà été en tout ou en partie. Le paysage actuel de l'emploi sera sans doute affecté et de nombreuses études internationales se sont penchées sur la question du futur du travail. De nouvelles approches de gestion, le développement des compétences et l'orientation du marché du travail seront tous des points critiques nécessitant une attention particulière dans le processus de la transformation numérique. En outre, le processus de numérisation soulève plusieurs questions liées à la sécurité et à la confidentialité. La cybercriminalité est une réalité. Cela implique aussi que l'environnement réglementaire doit s’adapter en permanence.

La transformation numérique au Luxembourg
Il va sans dire que la  transformation numérique transcendera également tous les niveaux de la société luxembourgeoise. Pour réussir la transition et pour augmenter les chances de pouvoir amener le plus grand nombre d’acteurs à adapter leur stratégie actuelle, leur modèle d'organisation et leur culture de gouvernance, il semble essentiel de capitaliser sur l’existant et sur les atouts du Luxembourg. Notre pays dispose d’un ensemble d'avantages qui devraient permettre le développement d’un écosystème performant et d’établir le pays parmi les acteurs les plus avancés dans le domaine des technologies numériques. Néanmoins, plusieurs obstacles demeurent sur le chemin vers une société numérique intégrée. Selon l’index DESI[1], publié annuellement par la Commission européenne, le Luxembourg performe relativement bien dans les infrastructures digitales ainsi que dans les indicateurs liés à l’emploi et à l’utilisation d’Internet. Par contre, le pays affiche des déficits dans des domaines comme l’agilité, la culture organisationnelle, l’intégration des technologies numériques ou encore les services publics numériques. Les PME peuvent notamment éprouver des difficultés pour intégrer les nouvelles technologies dans leurs modèles d’affaires. Ceci est notamment souligné par les chiffres dans le domaine du commerce électronique. Tandis que 78% des utilisateurs internet au Luxembourg font régulièrement des achats en ligne, seulement 7% des PME nationales commercialisent leurs produits en ligne contre 14% en moyenne dans l’Union européenne. Un constat similaire s’applique à l’utilisation des services « cloud », dont seulement 13% des entreprises locales utilisent ce type de de service contre 19% en Union européenne.

Comme certaines PME restent « à la traîne » dans le domaine de la transformation numérique, il serait utile de mener une étude plus approfondie pour obtenir une image plus claire de la capacité de transformation numérique actuelle de ces entreprises afin de pouvoir mettre en place un plan d’action intégratif pour que ces dernières puissent embrasser la transformation numérique. En outre, pour développer la culture start-ups - entités qui vont significativement contribuer au déploiement de la transformation digitale - la population résidente pourrait être encouragée, à travers des mesures incitatives, à investir dans des start-ups et des PME innovantes, voire à réorienter une partie de l'épargne pour investir dans l'avenir (numérique) du pays. Le pays pourrait aussi s’inspirer du concept d’identité électronique développé en Estonie, qui permet à des entrepreneurs étrangers de devenir des « e-résidents » estoniens ; e-identité à travers laquelle ils acquièrent notamment le droit de créer une entreprise estonienne en ligne, ou encore de signer des contrats. En tant que petite économie ouverte, le Luxembourg serait sans doute un terrain de jeu idéal pour tester de telles innovations. La sàrl simplifiée qui entrera en vigueur l’année prochaine, devrait à cet égard apporter une nouvelle dynamique à l’entrepreneuriat et donner aux entrepreneurs innovants la possibilité de lancer leurs activités à un coût très modéré et avec peu de formalités. Last but not least, l’éducation et la formation à tous les niveaux - initiale, continue et universitaire - vont jouer un rôle fondamental afin de mettre en œuvre la transformation numérique du Luxembourg.

 

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[1] DESI: The Digital Economy and Society Index.