Laura Mathieu est CEO chez Do apps, une start-up spécialisée dans le conseil et réalisation technique de projets à la pointe des nouvelles technologies. Créée fin 2014 au Luxembourg, la société innove en proposant un service évolutif et adapté aux besoins des clients, sur base d’un recrutement sélectif basé sur les compétences et la passion.
Quelle est l’activité principale de la société et qu’est-ce qui fait votre différence?
L. M. : Le champ d’action de Do apps s’étend du conseil à la réalisation technique en passant par la formation et le coaching d’équipes. Nous développons des projets d’application web et mobile. Souvent, les prestataires actuels ne proposent qu’une partie des réalisations et le client doit faire appel à différents interlocuteurs pour un seul et même projet. Nous sommes une équipe pluri-disciplinaire et nous nous distinguons en offrant à nos clients une chaîne de prestations, rassemblées au sein d’une même société. Tout d’abord, nous conseillons le client et analysons ses objectifs, avant de passer au design et à la partie graphique de l’application, suivi du développement technique du « front-end » et du « back-end ». Le système d'exploitation traitant les données est considéré comme le back-end alors que l'interface graphique avec laquelle l'utilisateur interagit constitue le front-end. Puis, selon les besoins du client, vient l’adaptation de l’application au mobile.
Nous préférons avancer progressivement et ce point fait également notre différence. A l’heure actuelle, les applications sont livrées achevées aux clients avant même d’être testées sur le marché, ce qui engendre beaucoup de frustrations chez le client ! Pendant plusieurs mois, il ne voit, ni n’entend rien et puis, un jour, il reçoit un produit entièrement développé pour le budget versé, mais qui ne correspond pas forcément à ses attentes ou qui ne prend pas en compte de nouvelles données. De plus, ce n’est peut-être pas non plus ce que les utilisateurs attendent ! Une application développée à 20% suffit parfois pour permettre de tester l’application sur le marché et nous permettre de faire les ajustements requis. Il est dommage de consommer la totalité du budget sans tester le produit avant sa mise définitive sur le marché.
Comment l’équipe s’est-elle constituée ?
L. M. : Nous sommes tous passionnés par ce que nous faisons et nous recherchons actuellement deux développeurs qui excellent dans leur domaine, ainsi qu’un commercial et dans un avenir moins proche, un gestionnaire de projets. Deux de nos développeurs, Thibault Milan et Renaud Wellens, travaillaient pour une même société, qu’ils ont quittée pour fonder Do apps. Puis je suis arrivée et il y a quelques mois, et nous venons d’embaucher Thibaut Prudat, un développeur d’application mobile. Nous effectuons également des veilles sur les technologies et toutes les nouveautés qui voient le jour, au bénéfice de nos clients.
Site web responsive, application web, application mobile… Comment vos clients s’y retrouvent-ils ?
L. M. : Il y a une différence entre un site responsive, une application web et une application mobile. Un site web dit de conception « responsive » est un site qui comprend dans son code la possibilité de s’adapter au support sur lequel il est affiché, que ce soit un ordinateur, un smartphone ou une tablette et qui a pour vocation de simplement présenter un produit ou un service. Un utilisateur mobile aura une version adaptée visuellement à son appareil mais n’aura pas un contenu, des informations ou des outils qui auront été pensés spécifiquement pour son smartphone ou sa tablette. Cette nuance est très importante notamment quand on parle d’ergonomie et d’expérience utilisateur.
Une application web se présentera visuellement comme un site internet mais la partie technique sera beaucoup plus conséquente et sa vocation sera différente. L’application web va permettre de gérer toutes sortes de données mais va également permettre à l’utilisateur de faire des actions (acheter, réserver, jouer, éditer, communiquer, partager…).
Une application mobile doit être téléchargée depuis une boutique en ligne telle que l'app store (Apple) ou Google play store (Androïd). L'application est ensuite stockée sur un smartphone ou une tablette et, en général, son fonctionnement ne nécessite pas d'accès à internet. L'application mobile est mise en place pour une utilisation régulière. Elle facilite l’accès à un service et répond à un besoin spécifique tout en permettant une fidélisation des utilisateurs. Elle répond à des standards de navigation et d’utilisation propres et elle est développée pour chacun des systèmes d’exploitation sur lesquels le client désire apparaître. Il s’agit d’aller à l’essentiel, sans oublier les contraintes et sans que l’utilisateur en prenne conscience. Ce qui est compliqué doit devenir simple, mais ce qui semble simple à première vue, reste plutôt compliqué à faire ! (Rires)
Chacune de ces solutions internet a donc ses spécificités et nous sommes là pour conseiller et rassurer le client à des coûts raisonnables. Le choix entre site web, application web et application mobile dépend de plusieurs critères : Comment est équipée la population cible ? Quel est le budget du client ? Quelles fonctionnalités sont attendues ? Et enfin, quels sont les objectifs à atteindre ?
DO GROUP Invest a choisi de vous soutenir en apportant son expertise et une visibilité sur le marché international. Comment se passe votre relation ?
L. M. : Nous avons rencontré Do Group Invest à nos débuts, et nous avons conclu un partenariat dans le cadre du projet BookMyLimo (www.bookmylimo.com) un site qui agrège les meilleures offres de voitures avec chauffeur. Do Group Invest est une société belge de capital risque fondée en 2010 et qui investit dans des entreprises à fort potentiel de croissance et dans des secteurs très variés. Elle privilégie l’innovation et les projets à fortes valeurs humaines et éthiques, et met son réseau international à la disposition des sociétés associées. BookMyLimo a été notre premier client, apporté par Do Group Invest et nous nous sommes lancés comme cela !
Bénéficiez-vous du réseau international de Do Group Invest ?
L. M. : Oui. Nous avons nos propres clients et Do Group Invest nous a confié plusieurs clients. Nous avons actuellement des clients dans le monde entier, au Brésil, à Paris, à Bruxelles et cinq actuellement, au Luxembourg. Pour chaque projet, nous devons prendre en compte les spécificités de chaque pays. Pour le Brésil, par exemple, le prix d’un iPhone est inabordable pour la majorité de la population qui utilise plutôt un Android. Nous devons en tenir compte et adapter le développement technique à cette spécificité. D’où l’importance d’avoir un réseau international et des personnes sur place. Nous communiquons en anglais, par vidéo conférences et par emails. Nous intervenons aussi dans des secteurs très variés : restauration, services, presse, santé…
Pourquoi avoir choisi le Luxembourg pour créer votre société?
L. M. : Nous avons toujours tous travaillé au Grand-Duché. Même si nous sommes français ou belges, créer une start-up en Belgique par exemple, est plus compliqué.
De nombreux incubateurs d'entreprises au Luxembourg offrent des locaux spécialisés à des conditions avantageuses avec l'objectif de soutenir des entrepreneurs ayant des idées nouvelles. Le capital de départ en Belgique est également plus conséquent.
Travaillez-vous en partenariat avec la Chambre de Commerce, BusinessMentoring, Luxinnovation ou autres plates-formes au Luxembourg et en Grande Région ?
L. M. : Nous ne sommes au Technoport que depuis fin 2015, avec l’objectif de nous renseigner sur ce qui existe en matière d’encadrement et d’aides. Malheureusement, nous manquons de temps pour nous renseigner, participer à des concours et à des événements proposés par la Chambre de Commerce, mais nous avons pris de bonnes résolutions pour 2016 !
Auriez-vous un conseil à donner à un jeune entrepreneur qui souhaite se lancer ?
L. M. : En termes d’émotions, une start-up, c’est une montagne russe ! (Rires) Chaque jour est différent. Un jour, nous pouvons avoir une excellente nouvelle et quelques jours plus tard, une mauvaise nouvelle peut nous tomber dessus. Notre start-up, c’est un peu comme notre bébé et nous prenons les choses à cœur. Nous l’avons toujours présente à l’esprit. Il faut une bonne dose de passion. Il faut aussi être un peu multitâches - même si nous avons chacun notre spécialisation - savoir écouter et apprendre des expériences des autres, ne pas hésiter à poser des questions. Le fait d’être au sein d’un incubateur favorise les rencontres et les échanges autour d’événements communs. Il arrive parfois qu’une personne vous apporte tout à coup la solution que vous cherchez depuis quelques temps !
Quels sont vos projets pour Do apps ?
L. M. : Il y a huit mois, Do apps ne proposait ni design, ni application mobile. Et dans dix ans, je ne peux pas encore dire où nous serons. Tout dépend de l’évolution des technologies et du web. En 2016, nous avons comme objectif de refaire entièrement notre site Internet et d’embaucher quatre personnes supplémentaires. Nous ne voulons pas grandir trop vite, mais prendre le temps de bien choisir les candidats et préserver ainsi la qualité pour nos clients. En 2015, nous avions organisé un événement autour du langage PHP qui a été un beau succès. Nous avons prévu d’organiser un événement similaire en 2016. Par ailleurs, il existe beaucoup de manifestations consacrées à l’IT, mais il n’en existe que très peu qui se rapportent au mobile et aux tablettes. Nous souhaiterions en promouvoir une, pour voir s’il y a une demande en ce sens. Le mobile fait appel à une autre technologie. Nous nous concentrons sur l’iPhone et l’Androïd, Windows Phone ne représentant qu’une faible partie du marché. La technologie du mobile constitue une autre approche et nécessite un autre langage, mais les techniques doivent communiquer entre elles. A chaque évolution du produit, nous devons évoluer avec le produit et nous tenir en permanence au courant. Pour vous donner un exemple, depuis quelques mois, il est possible d’ouvrir deux fenêtres sur un écran d’iPad. Le développeur doit penser à adapter ce nouveau paramètre !
Que préférez-vous dans votre métier ?
L. M. : Le fait de prendre le bon virage au bon moment ... C’est très gratifiant. La satisfaction du client est également très importante pour nous et nous procure un réel plaisir. Nos clients sont parfois d’autres start-up ou de grands groupes. La démarche n’est pas du tout la même. La start-up va nous confier son « bébé ». Il va falloir être aux petits soins et les contacts humains sont plus forts. Dans le cas d’un grand groupe, une relation de confiance va s’instaurer d’emblée et nous serons considérés comme un prestataire parmi d’autres avec des procédures établies. Les deux ont leur intérêt !
Le fait d’être une femme dans un secteur plutôt masculin vous a-t-il déjà posé problème ?
L. M. : Je suis effectivement la seule femme de l’équipe actuellement. C’est un atout plus qu’un inconvénient. Les start-up actives dans le secteur de l’IT sont très souvent demandeuses d’une touche féminine efficace. Nous percevons les choses différemment et nous sommes complémentaires.
Texte: Marie-Hélène Trouillez - Photos: Gaël Lesure