Fondation IDEA
L’économie luxembourgeoise est intrinsèquement liée à la population frontalière qui constitue, avec l’immigration, le levier principal sur un marché de l’emploi dont les caractéristiques montrent une forte dépendance de l’économie à la disponibilité de cette main-d’œuvre. Selon les chiffres du STATEC, près de 162.000 frontaliers nets décident de traverser la frontière chaque jour pour aller travailler, soit 43% de l’emploi total. En dépit de la part conséquente que représentent les frontaliers dans l’économie luxembourgeoise, l’étude stratégique développée conjointement par le groupe consultatif de la Troisième Révolution Industrielle et les groupes de travail du Grand-Duché de Luxembourg n’aborde pas les impacts sur l’économie, les finances publiques et l’environnement d’une modification de la structure de l’emploi au niveau des travailleurs frontaliers. Or, ces impacts ne sauraient être évalués sans tenir compte de l’évolution de la part des frontaliers dans l’emploi luxembourgeois qui pourrait modifier de manière conséquente la répartition et l’utilisation des richesses produites. En se livrant à un périlleux exercice de projections, par définition non prédictives, ce document de travail apporte donc un regard scientifique inédit auquel les décideurs publics ne devraient pas se soustraire.
Dans ce document de travail, nous analysons cette question sur la base des scénarii démographiques d’Eurostat : Europop2013 qui suppose qu’en 2060, le Luxembourg atteindrait le désormais « fameux » 1,1 million d’habitants, et Europop2015 qui table sur une population de 992 924 habitants à l’horizon 2060.
Dans ces benchmarks, la population frontalière compterait plus de 200 000 personnes en 2030 et plus de 350 000 à l’horizon 2060 (elle atteindrait même 384 000 dans le scénario Europop2015). La part de cette main d’œuvre dans l’emploi à l’horizon 2060 atteindrait 45% et 51% respectivement dans les scénarios Europop2013 et Europop2015.
Et si nous modifions les hypothèses de productivité, de migration ou encore de natalité ? Combien de frontaliers à l’horizon 2060 suivant ces modifications ? Quelle part sont-ils susceptibles de représenter dans l’emploi ? Pour quelles implications ?
C’est autant de questions qui sont abordées dans ce document de travail.