Du diagnostic aux remèdes : le débat sur la pauvreté fut fécond

Affaires économiques

Débat

Crédit photo: Marie De Decker Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce. Crédit photo: Marie De Decker De gauche à droite: Anne-Catherine Guio, Senior Researcher au LISER, Christel Chatelain, conseillère de la Chambre de Commerce,

La Chambre de Commerce a souhaité ce lundi 24 juin soumettre sa récente publication « Pauvreté : de la juste mesure aux mesures appropriées » à l’exercice du débat. La conférence « Quels remèdes contre la pauvreté » a été l’occasion d’échanger les points de vue, plus complémentaires que contradictoires, de la Ministre de la Famille, de l'Intégration et à la Grande Région Corinne Cahen, de la directrice de l’ASBL Stëmm vun der Strooss Alexandra Oxacelay, de la chercheuse Anne-Catherine Guio et de l’économiste, conseillère de la Chambre de Commerce, Christel Chatelain. Le bilan : engagé, étayé, concret dans le diagnostic autant que dans les remèdes à apporter, le débat a pu mettre en exergue de grands défis consensuels, en matière de logement, d’emploi et d’éducation, et alterner entre pistes d’améliorations et défense du modèle social luxembourgeois.

Le mot de bienvenue de Carlo Thelen a été l’occasion de rappeler les limites de l’indicateur du taux de risque de pauvreté, le plus couramment utilisé et qui pourtant ne peut à lui seul déterminer si la situation s’améliore ou non pour les ménages les plus modestes. Dans son discours, le Directeur Général a aussi évoqué la contribution de la Chambre de Commerce dans le débat public sur des sujets phares comme la nationalité, le développement durable et donc, en 2019, la pauvreté. La conférence s’est poursuivie par la présentation des faits saillants de l’Actualité & tendances « Pauvreté : de la juste mesure aux mesures appropriées » par l’auteur de la publication Jean-Baptiste Nivet, qui a mis l’accent sur le caractère multidimensionnel de l’exclusion sociale qui concerne aussi bien le revenu, le patrimoine, le niveau de vie dans l’absolu et relativement au reste de la population, l’emploi, le logement, l’éducation ou encore la santé. Les différences de niveaux scolaires entre les élèves socio-économiquement favorisés et défavorisés, et le poids du logement dans le pouvoir d’achat des ménages modestes sont particulièrement inquiétants tandis que l’accès à l’emploi demeure le principal rempart face aux exclusions sociales.

Le journaliste Thierry Nelissen a ensuite sonné le coup d’envoi de la discussion entre les quatre oratrices de la table-ronde, à commencer par l’experte de la mesure de la pauvreté Anne-Catherine Guio. Celle-ci a exposé à l’audience présente, une cinquantaine de participants, les plus fortes difficultés des enfants luxembourgeois vivant dans les familles monoparentales par rapport aux autres. En effet, alors que le Luxembourg est l’un des pays les moins touchés par la pauvreté des mineurs selon l’indicateur de privation des enfants (moins de 5%). Ce n’est pas le cas pour les enfants des ménages monoparentaux, 30% d’entre eux étant en situation de privation.

La Ministre Corinne Cahen a défendu les actions entreprises par le gouvernement de coalition depuis 2013. La réforme du revenu minimum, devenu REVIS au 1er janvier 2019, est l’une des mesures phares, tout comme la mise en place de prestations en nature telles que les chèques service-accueil et la distribution de livres scolaires, qui s’ajoutent ou remplacent de plus en plus les aides monétaires. La Ministre a aussi souligné l’importance du travail mené par les organisations sur le terrain. Ce travail opérationnel est effectué notamment par l’ASBL Stëmm vun der Strooss qui compte 5 ateliers de réinsertion professionnelle et a redistribué 128 tonnes de denrées alimentaires gratuitement en 2017. Sa directrice, Alexandra Oxacelay, a insisté sur la nécessité d’être plus réactif que les chiffres pour répondre aux besoins des personnes exclues. Une de ses difficultés actuelles est d’arriver à accompagner à la fois des personnes en grande précarité et des personnes dont l’exclusion est moins prononcée.

Enfin, Christel Chatelain a détaillé le nécessaire changement de paradigme prôné par la Chambre de Commerce, avançant l’idée d’instaurer davantage de sélectivité sociale pour mieux aider les ménages les plus modestes, d’accentuer le policy-mix des politiques d’inclusion sociale et de s’appuyer sur les partenariats publics-privés pour trouver les solutions aux problèmes du logement. L’évaluation des politiques sociales est incontournable pour voir si ces politiques rencontrent les objectifs fixés.

Malgré certaines différences d’opinions, tous les participants au débat se sont au final retrouvés sur la volonté de mieux lutter contre les exclusions sociales qui ont pu se développer en parallèle de la réussite économique et sociale globale du Grand-Duché. C’est dans un esprit de concertation multilatérale et le regard tourné vers les chiffres que des politiques et actions plus efficaces devraient être mises en œuvre afin de faire reculer la pauvreté.

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