UEL
Le 27 mars 2017, l’UEL a invité pour la 4e fois les membres élus de ses 8 organisations membres, c’est-à-dire les représentants des assemblées plénières et des conseils d’administration de ses membres. Cette conférence a été l’occasion de discussions au sujet des développements en matière de droit du travail suivies d’un échange constructif avec Nicolas Schmit, Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Economie sociale et solidaire, qui a répondu de bon gré aux questions posées par les chefs d’entreprises.
Travailler moins et gagner plus ?
Le monde du travail est en pleine mutation. La digitalisation aura un impact certain sur l’économie, le travail et son organisation.
Certains membres du gouvernement se plaisent à dire que les salariés vont pouvoir profiter des bienfaits de la digitalisation et de la robotisation, par exemple sous forme de réduction du temps de travail. Les membres du Comité exécutif de l’UEL[1] sont néanmoins d’avis qu’il est prématuré de vouloir distribuer dès aujourd’hui les gains de productivité escomptés de la 3e révolution industrielle alors que la productivité a fait défaut depuis l’an 2000. Une 6e semaine de congés, comme demandée par une pétition récente, n’aura pas de sens du point de vue économique.
Pour l’UEL, il faudrait plutôt réfléchir sur une réorganisation du temps de travail, un nouveau modèle de travail, permettant plus de flexibilité (à organiser au sein de l’entreprise), comme par exemple le télétravail.
Le Ministre Nicolas Schmit a réitéré la position qu’il a exposée lors de la discussion à la Chambre des Députés : il a souligné qu’une 6e semaine de congés ne résoudra pas les problèmes exposés par les pétitionnaires, en particulier les risques psychosociaux. Il croit plutôt que le rythme du travail doit changer et qu’il faut miser sur une flexibilisation du temps de travail.
Le marché du travail devrait être repensé dans son ensemble et il faudrait traiter des problématiques telles que la mobilité, le logement et l’usage des nouvelles technologies dans l’entreprise. La formation continue sera un élément clé pour réussir cette transformation.
Des dossiers tous azimuts
D’autres thèmes ont été abordés qui préoccupent les entreprises dont voici quelques exemples :
- le salaire social minimum : il est très élevé en comparaison internationale et constitue un obstacle au recrutement de personnes résidentes peu qualifiées, deux raisons pour l’UEL de ne pas l’augmenter davantage ;
- le compte épargne temps : il permet aux salariés d’épargner du temps qu’ils pourront utiliser ultérieurement pour des projets personnels tout en étant payés ; des négociations dans le secteur bancaire, qui est un secteur clé en matière de compte épargne temps, sont en cours ;
- la gestion des âges en entreprises : consciente de la problématique du vieillissement de la population, l’UEL est d’avis qu’il est essentiel de préserver le pouvoir de gestion des employeurs et de ne pas soumettre les entreprises à de nouvelles formalités administratives ; elle contactera les syndicats pour voir si l’accord européen des partenaires sociaux en cette matière peut être transposé par négociation et rendre obsolète le projet de loi sur la gestion des âges ;
- le reclassement : l’UEL entend mener une enquête auprès des entreprises pour connaître les désagréments qui résultent de la récente réforme en la matière ;
- le télétravail : il présente un intérêt certain pour les entreprises et leurs salariés ainsi que pour la gestion du trafic en réponse à l’augmentation de la population active, mais pose des défis comme par exemple au niveau imposition et sécurité sociale pour les travailleurs frontaliers.
Perspectives
En guise de conclusion, Michel Wurth, Président de l’UEL, a mis l’accent sur l’importance du dialogue social entre et avec les partenaires sociaux concernant les défis à venir pour le monde du travail et a salué la volonté du Ministère du Travail de lancer ensemble avec les Chambres professionnelles une étude spécifiquement luxembourgeoise afin de préparer le monde du travail aux défis de la transformation numérique. L’UEL soutient fortement les démarches entamées pour préparer le Luxembourg à l’économie du futur, à l’ère de la digitalisation, du numérique et de l’efficacité dans l’emploi des ressources.
Le Président a également tenu à souligner l’attitude positive et constructive des entreprises luxembourgeoises qui soutiennent le programme « Entreprises, partenaires pour l’emploi » visant à augmenter le nombre total de recrutements par le biais de l’ADEM et à réduire le chômage. Les entreprises deviennent aussi de plus en plus responsables, comme le montre le nombre toujours croissant d’entreprises labellisées ESR (Entreprise Socialement Responsable), label créé par l’INDR (Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises).
[1] Participants de la table ronde modérée par Nicolas Henckes, Secrétaire général de l’UEL : Jean-Jacques Rommes, Administrateur-délégué de l’UEL, Carlo Thelen, Directeur général de la Chambre de Commerce, Romain Schmit, Secrétaire général de la Fédération des Artisans et René Winkin, Directeur de la FEDIL