1856, l'année de création de la Banque et Caisse d'Epargne de l'Etat, Spuerkess, coïncide avec l'arrivée et le développement du chemin de fer et le démantèlement de la forteresse qui vont donner un véritable coup d'accélérateur à l'économie du Grand-Duché. Le premier Conseil d'Administration de la banque est alors composé de trois membres et le personnel se compose d'un agent comptable et d'un appariteur. Le siège de la Caisse d'Épargne se situe dans la Maison Kettel, rue Chimay et les bureaux sont ouverts au public les mardis et vendredis de 14h à 15h et le dimanche de 10h à 12h. Les activités de la Caisse d'Épargne se développant rapidement, elle change d'adresse au fur et à mesure qu'elle grandit et s'installe ainsi après la rue Chimay (1859-1861), rue Clairefontaine (1861-1875), avenue de l'Arsenal (1875-1893) et au coin des rues Aldringen et Notre Dame (1893-1913). Les effectifs de la Spuerkeess passe de 14 employés en 1901 à 35 en 1905 et à 54 en 1910.
La construction de l'Hôtel de la Caisse d'Epargne de style néo-renaissance au 1 Place de Metz est entamée en 1909, à la demande de l'Etat, sur base des plans de l'architecte luxembourgeois Jean-Pierre Koenig. Le 15 novembre 1913, la Caisse d'Epargne y transfère ses services. Le pendant architectural du 2 Place de Metz, construit de 1910 à 1913 sur les plans de l'architecte allemand Jüsgen, est édifié à la demande de la Direction des Chemins de Fer d'Alsace-Lorraine.
La Bourse de Luxembourg est créée en 1928 et la Caisse d'Épargne en devient membre fondateur et principal actionnaire. La loi du 16 juin 1930 garantit l'autonomie presque absolue des décisions du Conseil d'Administration de la Caisse d'Epargne.Le 29 janvier 1941, le Reichsmark est introduit comme monnaie légale. La Caisse d'Épargne et le Crédit Foncier sont liquidés et remplacés par quatre caisses d'épargne régionales organisées sur le modèle allemand (Stadtsparkasse Luxemburg, Kreissparkassen Diekirch, Esch et Grevenmacher).
Après l'installation successive des CFL, de la C.E.C.A. et de la B.E.I. au 2 Place de Metz, la BCEE s'installe en ce lieu historique en 1987. Depuis 1991, les deux bâtiments situées 1 et 2 Place de Metz, ainsi que le bâtiment "Rousegäertchen", sont reliés par un tunnel. La BCEE acquiert en 2015 l'ancient bâtiment ARBED se situant sur le Plateau Bourbon. Cette acquisition permet certes d'agrandir les activités de la Banque, mais surtout de préserver le patrimoine architectural national. Tenant son statut actuel de banque universelle de la loi du 24 mars 1989, la Spuerkees est un établissement public autonome, dont le propriétaire est l'Etat luxembourgeois. Elle est régie par la législation commerciale et bancaire comme les autres banques, à quoi s'ajoutent néanmoins des missions spécifiques au service du développement économique et social du pays et de la promotion de l'épargne.
Depuis novembre 2014, elle fait partie du réseau européen des banques systémiques.Avec plus de soixante-cinq agences couvrant l'ensemble du pays, la BCEE dispose du réseau d'agences le plus dense au Luxembourg, témoignant ainsi de sa volonté d'être proche des clients.Si l'activité de prêt et la collecte de l'épargne en sont des piliers phares, la BCEE est également très active en matière de marchés financiers, de fonds d'investissement, de clientèle institutionnelle et dans la mise en œuvre de nouvelles technologies au service de la clientèle, dont notamment la banque électronique.Sa notation AA+/Aa2 auprès des agences Standard & Poor's et Moody's place la BCEE parmi les banques commerciales les mieux cotées dans le monde et parmi les banques les plus sûres du monde financier.
En tant qu'acteur citoyen socialement responsable, la BCEE soutient de nombreux secteurs économiques clés du pays et promeut aussi activement les arts et la culture, de même que le sport. L'acquisition du "nouveau" bâtiment 19 Liberté lui permet de développer encore ses activités tournées vers des clients et des visiteurs attirés par des échanges personnalisés tout en s'inscrivant dans un contexte de professionnalisme et d'approche résolument tournée vers l'avenir.
Entretien avec Françoise Thoma, directeur général et président du Comité de direction de la Banque et Caisse d'Epargne de l'Etat Luxembourg.
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
En tant que banque publique, nous poursuivons les buts d'une banque commerciale tout en intégrant une série de missions spécifiques. En tant que banque systémique, il est primodrial pour nous d'intégrer le risk management dans notre organisation et tous les processus qui en découlent. Les dynamiques réglementaires évoluent tellement ces dernières années que nous devons mettre en œuvre de nouvelles procédures dans plkusieurs domaines car nous avons une responsabilité économique et sociale vis à vis de nos clients et de l'économie du pays. Mais nous sommes également une entreprise qui a de nombreux projets commerciaux. Il nous faut, en conformité avec les nouvelles réglementations, toujours proposer des produits intéressants à nos clients, optimiser nos réseaux, suivre les nouveautés en matière de digitalisation, adapter le réseau de nos agences suivant les développements de la population et en fonction des changemenst économiques, et penser à de nouvelles approches de notre clientèle plus institutionnelle.
Quelle est la réalisation dont vous êtes la plus fière ?
Cela peut sembler un peu banal, mais c'est d'être une " force tranquille " au Grand-Duché. Avec humilité, nous pouvons dire que nous restons au premier plan ; que ce qui fait notre force, c'est la durabilité et que nous tâchons de transmettre ces valeurs à tous nos collégues et à nos partenaires commerciaux.
Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ?
Ils sont nombreux. Il y a d'abord le fait de rester profitable malgré un environnement où les taux sont très bas et où la mise en conformité avec les très nombreuses réglementations coûte cher. Il faut allier défis commerciaux et contraintes réglementaires. Puis, il faut réussir à repositionner les banques et montrer qu'elles sont un secteur phare de l'économie. Avec les dernières crises économiques, l'image des banques a souffert. Il faut redorer le blason de ce secteur qui a une grande responsabilité sociale et sociétale.
Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?
Dans un premier temps, ce serait d'aider les banques dans la promotion d'une meilleure perception du métier de banquier, qu'il soit vu comme une force vive qui aide la société à progresser. Puis, même s'il existe des facteurs exogènes et géopolitiques sur lesquels les acteurs économiques ne peuvent pas agir individuellement, la Chambre de commerce peut contribuer de façon importante à donner une image favorable de l'économie luxembourgeoise à travers le monde et à rendre attentif au fait que tous les acteurs, et plus spécifiquement les banques, souhaitent opérer dans un contexte de level playing field, y compris réglementaire, par rapport aux autres centres d'activité dans le monde. Enfin, la Chambre de Commerce pourrait lancer des initiatives afin de connecter les différents acteurs du secteur financier, des Fintech, de créer de nouveaux cadres de rencontres entre partenaires éventuels.
Texte: Corinne Briault - Photos: Pierre Guersing