CHAMP Cargosystems
Spin off de Cargolux, CHAMP Cargosystems voit le jour en 2004. Dans les années 80, Cargolux ne trouve pas de solution logicielle qui corresponde entièrement à ses besoins. Le groupe veut en effet une gestion de ses flux non pas seulement opérationnelle, mais également financière, et décide de créer une solution 'from scratch' pour ensuite la vendre ensuite à d'autres afin, notamment, de diminuer ses coûts. Cette nouvelle entité autonome employe alors 65 personnes.
Très vite, d'autres compagnies s'intéressent à ce logiciel, qui est vendu à un premier client extérieur, la compagnie mexicaine Aeromexpress Cargo qui, avec ses horaires décalés par rapport à l'Europe, utilise les capacités des machines la nuit, alors qu'elles tournent le jour pour Cargolux.
En 2003, la solution initialement développée pour répondre aux besoins de Cargolux dispose de la plus grande niche fonctionnelle du marché. Pour gagner d'autres clients sans qu'il y ait de conflit d'intérêt, il est décidé de séparer l'activité IT du reste des activités de Cargolux, en créant une société complètement indépendante. Le département informatique de Cargolux, sous le nom de CHAMP, Cargosystems devient une société indépendante un an plus tard et gagne immédiatement 6 nouveaux clients.
Plusieurs grandes étapes jalonnent ensuite l'histoire de CHAMP, dont la prise de participation dans Sita (51%) spécialiste en solutions IT pour le secteur, en 2005. Cette alliance lui permet d'augmenter sa masse critique et son expertise métier, ainsi que sa présence mondiale. CHAMP fait ensuite l'acquisition de 100% des parts de Softair pour étendre encore son portfolio avec le produit Cargospot et sa couverture géographique, suivront ensuite Traxon Europe, spécialiste de messagerie électroniques en 2011 et Logitude en 2015 avec une solution pour les transitaires.
CHAMP Cargosystems continue de s'occuper de l'IT-as-a-Service pour Cargolux, mais développe toute une gamme de nouvelles activités. Elle emploie aujourd'hui 153 personnes au Luxembourg, quelque 400 personnes à travers le monde, de 43 nationalités différentes, pour un chiffre d'affaires avoisinant les 58 millions d'euros.CHAMP Cargosystems dispose de bureaux internationaux notamment à Londres, Zurich, Francfort, et a ouvert un bureau aux Philippines en 2010.
La compagnie fait la synthèse entre le secteur aérien, la logistique et l'informatique. Elle est reconnue comme un poids lourd dans sa catégorie, et sert aujourd'hui près de 200 compagnies aériennes dans le monde.
Entretien avec Arnaud Lambert, CEO.
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nos solutions informatiques interviennent tout au long de la chaîne logistique du transport aérien. Elles équipent des compagnies de fret aérien, mais aussi des sociétés de groupage (transitaires), des prestataires de manutention au sol... Elles permettent de suivre des colis d'un bout à l'autre de la chaîne. Au fur et à mesure que la marchandise physique se déplace, l'information, elle, doit être accessible par tous et à tout moment et de façon sécurisée. Dans ce cadre, nous avons évidemment plusieurs projets sur la table en ce moment. Ainsi, nous continuons à travailler sur divers projets avec Cargolux et nous nous apprêtons à signer le renouvellement du contrat de service que nous avons avec le groupe. Cela sera une nouvelle étape importante pour nous. Nous travaillons aussi à la finalisation de l'implémentation de systèmes informatiques pour de grandes compagnies aériennes, basées par exemple en Chine ou au Moyen-Orient. Au niveau mondial, nous implémentons ainsi 27 nouveaux clients cette année. Puis, nous avons aussi de gros projets internes à notre société suivant une stratégie 2020 pour être encore plus efficients dans les solutions et les services que nous proposons à notre clientèle.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
Sans aucun doute l'équipe. Nous sommes devenus un leader mondial dans notre domaine et cela n'aurait pas été possible sans tous nos collaborateurs. Le fait qu'elle soit multiculturelle et multilingue, ce qui est une des caractéristiques du pays est particulièrement intéressant car cela nous permet aussi d'avoir une aide précieuse pour traiter avec nos nombreux clients à travers le monde. Ensuite, c'est aussi une fierté que d'être leader mondial et basé à Luxembourg. On peut clairement dire que c'est une clé de notre succès. Le pays étant réputé neutre politiquement, c'est un avantage qui nous permet de pouvoir aborder des marchés internationaux partout dans le monde. Enfin, il faut dire que la proximité " public-privé " que l'on a au Luxembourg avec les autorités nous permet de résoudre bon nombre de problèmes rapidement.
Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ?
Dans notre secteur, le grand défi est de réussir à gérer les impacts des mouvements géo-économiques et géo-politiques. Il faut être proactifs car tout peut avoir une incidence sur notre activité car dans le fret, quel que soit le trajet ou la compagnie, à un moment " m ", une information sera traitée par CHAMP. Des événements comme le crash d'un avion, les attentats du 11 septembre aux Etats Unis ou la situation actuelle en Syrie ont une incidence sur le fret mondial, des effets sur l'implication de certains de nos clients et notre activité et il faut savoir réagir et rebondir rapidement. Autres défis : la complexification des réglementations de et pour le transport aérien de marchandises et la concurrence qui vient d'Asie et du Moyen-Orient.
Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?
Les mentalités ! Tout ce qui touche au secteur de la logistique implique une chaîne d'acteurs qui est encore trop fragmentée. Tous les acteurs de cette chaîne, n'ont, selon moi, pas encore bien assimilé le fait que le partage et la redistribution des informations apporte une valeur ajoutée et qu'il est de l'intérêt de chacun d'être transparent pour améliorer les flux. La Chambre de Commerce doit continuer à jouer un rôle d'écoute de ses membres et leur apporter toutes les informations nécessaires pour changer et améliorer les choses, notamment dans le secteur de la logistique. La Chambre de Commerce pourrait également jouer un rôle de conseil appuyé auprès du gouvernement en ce qui concerne le dossier du Single Windows for Logistics afin qu'il avance concrètement. Le Luxembourg doit vraiment être actif pour ne pas laisser passer le train dans la mise en place de ces interfaces électroniques.
Texte: Coinne Briault - Photos: Pierre Guersing