L’entreprise Neuberg est aujourd’hui une référence dans le commerce en gros de produits techniques pour le bâtiment. Fondée il y a bientôt deux siècles, elle est toujours aux mains de la même famille. Entretien avec Henri-René Feyereisen, administrateurdirecteur. (Visite du 29 janvier 2021).
En 1835, Pierre Neuberg se lance dans le négoce du fer et de taillanderie (outils tranchants), avec un premier établissement situé au coin de la Grand-Rue et de la rue Philippe II à Luxembourg-ville. En 1870, son fils Nicolas reprend l’affaire et obtient la vente exclusive pour le Grand-Duché des produits de l’usine Metz de Dommeldange. Après la Première Guerre mondiale, Jules Neuberg, fils de Nicolas, prend les rênes de l’entreprise, qui adopte le statut de société anonyme avec une participation de l’ARBED et de la société Terres Rouges. Il devient l’agent général des produits sidérurgiques de l’ARBED pour le pays. Les affaires se portant bien, le magasin qui avait déménagé au 30 Grand-Rue en 1888 est encore agrandi à la fin des années 1920. Après la Deuxième Guerre mondiale, en 1958, les entrepôts des aciers de la société sont transférés à Gasperich, où l’entreprise Neuberg est installée encore aujourd’hui. En 1961, Jules Neuberg mourant accidentellement, son épouse Noémie lui succède dans un premier temps avant que Monique, fille du couple prenne la direction. Les magasins Grand-Rue connaissent une nouvelle transformation et dans les années 1980, l’administration et le commerce en gros de produits sanitaires, de chauffage, d’outillage et de quincaillerie sont transférés à Gasperich. En 1989, l’immeuble de la Grand’Rue est reconstruit et laisse place à une galerie marchande (galerie Neuberg). En 1995, Neuberg reprend les activités de commerce de sanitaires de Ferroknepper et ouvre une filiale à Esch-sur-Alzette. Depuis 2000, c’est Henri-René Feyereisen, fils de Monique qui dirige la société. Entre 2005 et 2008, la société arrête les activités de commerce de détail en arts de la table et ménagers et ferme les points de vente de la Grand-Rue et des centres commerciaux City Concorde et Belle Etoile, pour se concentrer, à Gasperich, sur la vente en gros. Un show-room est ouvert dans les locaux du magasin BoConcept à Bertrange. Aujourd’hui, Neuberg emploie 90 personnes et distribue une large palette de produits pour le bâtiment comportant aciers, tubes, robinetterie industrielle, sanitaire, chauffage, ventilation, outillage, installations d’ateliers, quincaillerie et éléments standardisés. Un stock de plus de 50 000 articles et une distribution journalière sur tout le Grand-Duché confirment le slogan : « Neuberg, emmer dat richtegt ».
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Depuis plus d’un an, nous avons entamé la migration de notre système informatique sur le cloud, et mi-2021, nous migrerons tous nos services vers un nouveau système ERP. Pour une société de notre taille, c’est un bouleversement et un très gros chantier, d’autant que parallèlement nous travaillons sur la digitalisation de toute notre partie logistique en équipant nos magasins et camions de scanners pour assurer tout le suivi des marchandises, depuis la préparation dans le dépôt jusqu’à la livraison au client.
Votre plus grande fierté ?
D’avoir réussi à pérenniser une société qui a plus de 180 ans, dans un environnement très concurrentiel.
La dernière fois que vous avez douté ?
Au printemps dernier, lors du confinement lorsque nous avons dû fermer tous nos magasins. Nous ne savions pas du tout où cela allait nous mener, nous étions dans l’incertitude, nous avions beaucoup de mal à assurer les commandes et cela a été un moment très difficile.
Avoir un esprit d’entrepreneur, c’est quoi pour vous ?
Se remettre en question en permanence, rebondir pour assurer l’avenir et être à l’écoute de ses clients pour anticiper leurs besoins et s’adapter au marché.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur votre activité et que pensez-vous que la Chambre de Commerce pourrait faire pour vous soutenir ?
Il est clair de la crise de la Covid a beaucoup perturbé notre activité. Cela a été un frein dans nos entes et dans nos chaînes d’approvisionnement, avec des correspondants en télétravail et parfois pas équipés pour suivre les commandes. Les différents congés ont désorganisé nos équipes (quarantaine, familiaux). Des congés annuels se sont aussi accumulés car ils n’ont pu être pris. La Chambre de Commerce pourrait intervenir auprès du gouvernement pour faciliter et renforcer les aides aux entreprises, en demandant par exemple une garantie d’État auprès des assureurs de crédit, comme en Allemagne ou en Belgique, pour limiter les restrictions de crédit chez certains fournisseurs.
TEXTE Corinne Briault - PHOTOS Laurent Antonelli / Agence Blitz et Neuberg (02)