Aujourd'hui l'internationalisation de la place financière luxembourgeoise est une réalité. Elle a débuté dans les années 1970, alors que la sidérurgie commençait à montrer de premiers signes d'essoufflement. De nombreuses banques étrangères esquissent alors une implantation sur le Grand-Duché (allemandes, suisses, américaines ou scandinaves). C'est ainsi qu'a lieu l'inauguration officielle de l'East West United Bank (EWUB) à l'automne 1974 avec de nombreux invités de marque représentant l'"Orient" et l' "Occident", notamment le Commissariat de Contrôle des Banques, la Chambre de Commerce, les délégations officielles de l'Union soviétique et les représentants des actionnaires, Pierre Werner, Premier ministre luxembourgeois de l'époque. Le premier siège social de l'EWUB se trouve dans des locaux loués à 22A, boulevard Royal. Le 15 janvier 1976, la Banque acquiert ses locaux actuels où elle établit son siège : la " Villa Foch" au 10, boulevard Joseph II. La villa doit son nom au Maréchal français qui y réside lors de la Première Guerre mondiale. Etant passée au fil des années aux mains de plusieurs propriétaires, la banque s'est d'ailleurs fait une fierté depuis qu'elle a acquis la Villa Foch, de ne jamais avoir cédé aux pressions économiques et immobilières, mais au contraire d'avoir su restaurer et conserver ce patrimoine luxembourgeois et son style architectural uniques.
Dans les années qui suivent son installation, l'EWUB devient l'une des premières banques étrangères à Luxembourg, développant les relations commerciales entre les pays du Benelux et l'Union soviétique. En 1985, la perestroïka de Gorbatchev souffle sur la " mère patrie " russe et le secteur privé prend le relais de l'actionnariat public dans la banque. EWUB est aujourd'hui détenue par la holding Sistema, et est gérée au Luxembourg comme une entité indépendante. Elle a su rester pour ses clients, privés, entreprises ou institutionnels, dont une grande majorité sont de nationalité russe, un établissement financier de renom et offre des conseils complets et un large éventail de produits et services de placement adaptés à leurs besoins. L'EWUB a su conserver une certaine tradition répondant à l'appel de la modernité et dans tous les cas, c'est, actuellement, une des rares banques russes à capital privé possédant une licence luxembourgeoise.
Entretien avec Martin Pcola, managing director EWUB
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Ces deux dernières années, nous avons dû repenser entièrement notre business model, et faire preuve, comme nous l'avons déjà fait souvent dans notre histoire, d'une grande capacité d'adaptation aux nouveaux marchés. Aujourd'hui, nous travaillons sur une dernière phase de développement de nos activités, très focalisée sur les marchés orientaux et sur une présence renforcée sur le marché européen. Un de nos autres grands projets pour l'année 2016 sera axé sur le développement des nouvelles technologies adaptées aux services que nous proposons à nos clients et aux changements entraînés par les nouvelles réglementations.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
Beaucoup de choses ont changé depuis nos quarante ans de présence au Grand-Duché. Durant cette période, le monde était bipolaire, il y avait la Guerre Froide et les choses étaient totalement différentes. Après 1989, les relations entre les pays ont changé et beaucoup évolué en peu d'années. Nous sommes fiers d'avoir, durant toute cette période, toujours fait le lien entre l'Est et l'Ouest, et d'avoir su traverser des changements radicaux en restant une banque solide. Une solidité qui permet à nos employés de travailler dans une cadre stable et de faire toute leur carrière dans notre institution ! C'est aussi une fierté d'avoir des personnes qui sont présentes chez EWUB depuis plus de 30 ans ! Enfin, nous sommes également fiers de promouvoir, au travers de nombreuses activités, la culture russe au Luxembourg et de faire le pont entre la Russie et les russes vivant au Grand-Duché.
Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ? Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?
Des défis, il y en a beaucoup. Nous sommes, par rapport à d'autres, une banque de petite taille, nous ne faisons pas partie d'un grand groupe financier dont nous serions une filiale. Par conséquent, les changements liés aux tensions géopolitiques, les nouvelles exigences du régulateur européen nous demandent beaucoup d'investissements et d'énormes moyens d'expertise pour nous adapter. C'est un challenge au quotidien !
La Chambre de Commerce pourrait nous aider en cela qu'elle pourrait être un relais d'information, pour expliquer à tout un chacun que toutes les exigences que nous avons envers nos clients ne sont pas simplement imposées pour satisfaire les législateurs, mais sont aussi là pour les protéger et améliorer la qualité des services que nous leur proposons en tant que banque. De plus, la Chambre de Commerce pourrait jouer le rôle de catalyseur, pour améliorer les coopérations entre les institutions financières, qu'elles ne soient plus simplement en compétition entre elles, mais qu'elles mettent leurs compétences en commun quand cela est nécessaire pour renforcer l'expertise et améliorer les services aux clients et sur les marchés financiers.
Texte: Corinne Briault - Photos: Pierre Guersing