OUNI (" sans " en luxembourgeois) est aussi l'acronyme d'Organic Unpackaged Natural Ingredients (ingrédients naturels non emballés). Epicerie bio, locale et sans emballages, elle est née dans l'esprit de ses créatrices voilà plus de deux ans. Partant du constat que chaque personne produit en moyenne quelque 500 kg de déchets par an, les fondatrices d'OUNI se sont inspirées d'épiceries qui avaient déjà vu le jour dans de grandes villes comme Berlin ou Paris pour répondre à la problématique simple qu'est la réduction des quantités de déchets, notamment plastiques, en poussant jusqu'au bout le concept du zéro déchet.
Sélectionné dans le cadre du concours 1,2,3 Go Social, le projet a immédiatement rencontré un franc succès sur les réseaux sociaux. Ainsi, il est parvenu à réunir plus du double du montant initial nécessaire pour trouver un local et pouvoir ouvrir, il y a un an, rue Glesener, dans le quartier de la Gare à Luxembourg. Son capital provient intégralement des apports des coopérateurs.
Aujourd'hui, la coopérative regroupe près de 700 membres, dont 250 membres actifs, c'est à dire de personnes qui consacrent deux heures par mois de leur temps à l'épicerie en y étant présentes pour soutenir le travail des vendeuses et de la gérante. Un engagement qui leur donne accès, en contrepartie, à certains avantages, comme une réduction permanente de 5% sur leurs achats.
Se voulant une alternative écologique aux supermarchés traditionnels, OUNI propose ainsi une large gamme de produits alimentaires bio, locaux et équitables, ainsi que des produits ménagers écologiques, vendus en vrac ou dans des récipients ou bouteilles consignés. Les clients y viennent avec leurs propres contenants et évitent les déchets d'emballages en achetant la quantité qu'ils souhaitent, ce qui leur permet non seulement de limiter le gaspillage alimentaire, mais aussi de réaliser de véritables économies.
Entretien avec Caroline Lam, l'une des fondatrices d'OUNI.
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nous travaillons actuellement sur un projet de livraison à domicile à vélo pour les particuliers et pour les entreprises afin que leurs employés puissent bénéficier du principe de zéro déchet en toute sérénité. Pour ces derniers, les commandes peuvent d'ores et déjà être passées par mail ou par téléphone, qu'il s'agisse de paniers de fruits et légumes bio, de sélections de noix à grignoter au bureau (en-cas sains), de fruits secs, etc. Parallèlement, nous étudions la mise en place d'un site internet pour préparer ses courses ou passer commande. Cette seconde phase de développement sera mise en place lorsque nous aurons atteint notre rythme de croisière, tant du point de vue de l'organisation que de la rentabilité.
Quelle est la réalisation dont vous êtes la plus fière ?
L'épicerie elle-même ! Une œuvre collective au succès de laquelle contribue chaque membre engagé à sa manière. Parce qu'outre les deux heures mensuelles dans le magasin, bon nombre d'entre eux participe à des groupes de travail (finances, membres, ateliers, fournisseurs, aménagement et communication) qui rendent l'aventure possible. D'autre part, nous avons à cœur de remplir notre rôle de sensibilisation auprès du public, que ce soit en accueillant des classes, en intervenant dans des écoles, en organisant des ateliers. Notre démarche va bien au-delà de la vente sans emballages, nous voulons créer du lien social et donner envie de consommer autrement.
Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ?
En soit, OUNI est déjà un grand défi. C'est une coopérative : cela rend le lieu très convivial, mais c'est en même temps fort complexe à gérer ! Nous avons deux grands chantiers en cours : d'une part sensibiliser nos fournisseurs à la cause écologique et plus encore à la problématique du zéro déchets et, d'autre part, pérenniser, faire vivre l'épicerie et la rendre rentable le plus rapidement possible.
Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?
Nous avons un réel besoin en formation du personnel. C'est un grand frein à notre développement.... Evidemment, nous aurions besoin de subsides ou d'aides au développement comme, par exemple, l'attribution de places de parking ou stationnement (que ce soit par la Commune ou l'Etat) pour ceux qui ont des difficultés à se déplacer autrement, à porter, ou simplement pour mettre ses courses dans le coffre. Pour ce qui est de la Chambre de Commerce, elle pourrait organiser des rencontres avec d'autres formes coopératives dans le pays, la Grande Région ou en Europe ; mettre en place des groupes de travail et de soutien pour maintenir les projets en vie ou offrir des formations à coûts très réduits pour les entreprises sociales (aide à l'encadrement des bénévoles, comptabilité,...).
Texte: Corinne Briault et OUNI - Photos: Pierre Guersing