Bilan compétitivité 2020
Le Bilan compétitivité 2020 est l'occasion d'évaluer la position compétitive du Luxembourg avant la crise sanitaire et économique de la Covid-19 via le Tableau de bord national dont les résultats affichent des performances stables pour le pays. Au classement, le Grand-Duché maintient sa 4ème place pour la deuxième année consécutive, juste derrière le podium composé du Danemark, de la Slovénie et de l'Irlande. Le pays reste dans le groupe des pays " à performance élevée ", mais les résultats sont plus mitigés selon les piliers. Si le Luxembourg améliore sensiblement son classement sur le plan environnemental, passant de la 10ème à la 6ème place, il enregistre un recul d'une place sur les aspects économiques et sociaux.
Les trois priorités pour améliorer la compétitivité du Luxembourg
- Opter pour une croissance qualitative en poursuivant la diversification de l'économie dans des secteurs à fort potentiel, telle la santé.
- Réduire la charge administrative des entreprises en accélérant la digitalisation des services publics et la simplification administrative.
- Accroître les investissements dans la recherche, le développement et l'innovation (RDI) des entreprises, notamment des TPE et PME pour mener à bien les transitions digitales et environnementales.
Depuis 2010, le classement du Luxembourg oscille entre la 3ème et la 4ème place (à l'exception des années 2012 et 2017). Ce résultat synthétique masque toutefois des vulnérabilités constantes, rendues plus criantes par la crise de la Covid-19. Dans ces circonstances, et dans le but d'atteindre le top 3, il s'agira de s'atteler aux indicateurs individuels pour lesquels les résultats sont insuffisants, tout en engageant une transition vers une croissance durable compatible avec la cohésion sociale.
Un affaissement de la productivité qui perdure
Si le Luxembourg est en tête des économies les plus productives de l'Union européenne (son PIB par heure travaillée est le plus élevé des pays de l'UE-28), son avance se réduit d'une année sur l'autre. Or, une productivité en berne, particulièrement si elle s'inscrit dans la durée, peut engendrer des difficultés de financement et ouvrir la voie à une moindre performance par rapport aux autres pays européens. Ainsi, le Luxembourg est en dernière position s'agissant tant du taux moyen de variation annuelle de la productivité globale des facteurs dans l'ensemble de l'économie (-0,76%) que du taux de croissance moyen sur 3 ans de la productivité réelle du travail par heure travaillée (-1%). De plus, le risque que constitue l'augmentation du coût salarial unitaire nominal (+4% entre l'édition de 2019 et celle de 2020) pour la capacité de l'économie à générer de la richesse et à maintenir la compétitivité-coût des entreprises est non négligeable (il est admis qu'un score supérieur à +9% peut être source de déséquilibres). La hausse du CSU entre 2008 et 2010 et depuis 2016 s'explique en partie par la chute de productivité dans l'ensemble des secteurs, et notamment dans la finance qui a fortement contribué à ce ralentissement. Dans ces circonstances, le projet de loi portant sur l'augmentation de 2,8% du salaire social minimum porterait un coup supplémentaire à la compétitivité des entreprises et à leur capacité à investir, alors que nombre d'entre elles sont sévèrement touchées par la crise sanitaire et économique. Une telle mesure aurait des conséquences négatives sur l'emploi, notamment dans les secteurs très intensifs en main-d'œuvre, et sur la capacité du pays à attirer de nouvelles entreprises sur son sol. Il y a dès lors lieu de s'interroger sur le modèle de croissance qui permettrait au Grand-Duché de renouer avec les gains de productivité et ainsi de renforcer sa capacité à investir dans des projets d'avenir.
La dette privée, notamment des ménages, poursuit sa hausse
En écho aux inquiétudes répétées de la Commission européenne énoncées dans le cadre du Semestre européen, le classement de l'Observatoire de la compétitivité met en lumière la persistance du pourcentage très élevé de l'endettement des ménages qui atteint 65,8% de leur revenu en 2019. Cet endettement privé est principalement constitué de prêts immobiliers. La pénurie de logements abordables et l'explosion concomitante des prix constitue un enjeu structurel majeur pour le Luxembourg. Si en 2015, 2016 et 2018 le Luxembourg frôlait le seuil indicatif de 8% de variation des prix sur une année, le résultat en 2019 le dépasse largement, laissant augurer de possibles déséquilibres internes. Il apparaît dès lors important de mener une réflexion d'envergure au niveau national sur les moyens de sortie de cette dynamique et d'adopter une véritable vision territoriale stratégique permettant de localiser et de coordonner les investissements en faveur de l'habitat sur l'ensemble du territoire du pays.
Le Luxembourg sur une trajectoire prometteuse dans le domaine environnemental qu'il s'agit de consolider sur le long terme
La 6e place du Luxembourg dans le domaine environnemental pour l'année 2019 (gain de 4 places par rapport à 2018) illustre un élan positif des performances du pays. La stratégie de Troisième révolution industrielle (TIR), tout comme le Plan national intégré en matière d'énergie et de climat (PNEC) pour la période 2021-2030 visent la mise en place d'une stratégie économique plus durable. Concernant les entreprises, les résultats du Baromètre de l'économie du 2e semestre 2020 démontrent une prise de conscience progressive sur les 5 dernières années en faveur du développement durable, la note moyenne attribuée à la nécessité pour les entreprises de prendre en compte le concept passant de 5,5 à 6,9%. Les progrès les plus saillants en termes d'amélioration de la performance et du classement ont trait au taux de réalisation des objectifs nationaux 2020 en matière de part des énergies renouvelables dans le mix énergétique (objectif global de 11% pour 2020) et à la baisse de l'exposition à la pollution de l'air. En outre, le pays conforte sa performance élevée pour l'indicateur Ecoinnovation Index et la productivité des ressources.
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